Petit résumé des épisodes précédents.
Fin 2008, Mélenchon quitte le PS avec de maigres troupes et fonde le Parti de Gauche qui attire quelques milliers de militants. Très vite, il s'allie avec le PCF et une scission de quelques centaines de militants du NPA pour constituer le Front de gauche. Aux Européennes, le FdG dépasse le NPA qui a refusé l'union car il pensait avoir le vent en poupe. Petit à petit, d'autres organisations politiques se joignent aux 3 qui en étaient à l'origine. Election après élection, le score du Front de gauche progresse et culmine aux Présidentielles de 2012 où Mélenchon dépasse le 11% car il a regroupé l'essentiel de la gauche non socialiste. (voir : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/article-quel-avenir-pour-le-front-de-gauche-105218662.html)
L'étape suivante aurait pu être la fusion de toutes ces organisations en un puissant parti politique, d'autant que Hollande va vite décevoir. Ou, au moins, la constitution de groupes de base du FdG. Cela ne sera pas du fait de la méfiance du PCF vis à vis de Mélenchon, de la priorité donnée par le PG à son propre renforcement et, enfin, à cause de divergences stratégiques entre les deux principaux alliés.
En 2016, Méllenchon annonce qu'il partira seul pour les Présidentielles et lance une campagne de soutien à sa campagne sous la forme d'un comité d'un mouvement : la France Insoumise (voir : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2016/09/au-sujet-de-la-candidature-melenchon.html). Malgré de fortes réticences à la fois par rapport à la personnalité de Mélenchon, à la structure verticale de son mouvement, à ses choix stratégiques et programmatiques, le PCF et Ensemble (qui rassemble désormais la plupart des autres groupes du FdG) soutiennent la candidature Mélenchon (voir : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2016/11/ensemble-soutient-melenchon.html) Du fait d'une campagne tonitruante et de la déconfiture des socialistes, ce dernier dépasse les 19,5%. Pas assez pour être présent au second tour mais suffisamment pour représenter (et de très loin car le candidat socialiste fait 3 fois moins) la force la plus importante à gauche.
C'est là que les choses se gâtent car Mélenchon considère que la France Insoumise doit être le canal unique pour présenter des candidatures aux Législatives. Il va plus loin en présentant les cadres de son mouvement dans des circonscriptions où le PCF est bien implanté afin de phagocyter les voix de celui-ci et pour obliger son "allié" à se soumettre. Ce que le PCF refuse faisant craindre une guerre fratricide et, finalement, l'échec des deux partis en présence (voir : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2017/05/desunion-a-gauche-elements-d-explications.html)
Mélenchon prétend que la France Insoumise obtiendra la majorité à l'Assemblée ou, du moins, sera le premier parti. Fanfaronnade d'autant plus curieuse que, dans la majorité des circonscriptions, le PCF et la FI se trouvent en concurrence. On s'achemine vers la catastrophe mais il se passe une "divine surprise".
En effet, quels sont les résultats ? Si on s'en tient aux pourcentages, il n'y a pas photo : le PCF réalise un score catastrophique (4 fois moins que la FI). Si on tient compte du nombre de députés, la balance est quasiment égale : le PCF obtient 11 députés, la FI au sens étroit en a 13. Ce petit "miracle" tient au fait que le PCF possède encore quelques "bastions" mais également au fait qu'il y a eu des candidatures communes (ex : Ruffin dans la Somme, Dufrègne dans l'Allier, Autain et Buffet dans la Seine Saint Denis... ) ou qu'il y a eu des retraits de candidats (Ainsi : pas de candidat PCF contre Mélenchon ou pas de FI contre un candidat communiste dans les Bouches du Rhône). Il faut y ajouter 6 élus d'Outre-Mer, 2 élus d'Ensemble et François Ruffin. Soit un total de 33 députés. Ce total aurait pu être plus élevé : en analysant les résultats, on constate que dans une dizaine de circonscriptions une candidature unique ou le retrait d'un candidat aurait permis à un candidat de gauche d'être présent au second tour et d'espérer gagner (par exemple dans le Pas de Calais ou le Nord)
Pour des raisons que j'ignore (mais que je devine) et malgré quelques tentatives unitaires, il n'y aura pas de groupe unique. Le PCF forme le sien avec le renfort de 5 élus d'Outre Mer ; la FI fait de même avec un autre ultra marin, les 2 élus d'Ensemble et Ruffin.
Les élections sénatoriales viennent d'avoir lieu. Elles concernaient la moitié des sièges. Le groupe communiste avait 18 élus mais 16 étaient renouvelables. La plupart des observateurs tablaient sur la perte de la moitié des élus et donc du groupe (il faut 10 sénateurs). Il n'en a rien été. Pour plusieurs raisons :
- La France Insoumise n'a pas présenté de candidat ce qui a évité une concurrence catastrophique
- Le PCF a su nouer des alliances avec des écologistes, des élus divers gauche voire des socialistes (ex : Isère, Val de Marne)
- Il semble que des grands électeurs aient soutenu les candidats PCF tout en n'étant pas même sympathisants (50 voix dans le Maine et Loire, c'est inespéré)
- La division du PS dans quelques départements a fait le reste.
Le PCF a donc 12 sénateurs. Avec le renfort de 2 élus écologistes et d'un ex-socialiste, son groupe atteint 15 membres soit seulement 6 de moins que celui des macronistes.
Le PCF a donc maintenu sa présence institutionnelle mais Mélenchon garde l'avantage en influence. Le premier va, sans doute, privilégier les campagnes locales ; le second s'appuie sur des campagnes nationales. Et si les deux convergeaient ? On peut rêver !