Encore un article de souvenirs de mes voyages avant les années 1980. Voir le précédent :https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2023/07/voyager-il-y-a-50-ans-12.html
On parle beaucoup du retour des trains de nuit, je vais donc évoquer les voyages de nuit que j'ai effectués en train ou avec d'autres moyens de transport.
Le premier voyage en train de nuit a dû avoir lieu au milieu des années 1950. Avec mon père, ma mère et ma soeur, nous nous rendions au Congrès des Cheminots anciens prisonniers (ACCAP) à Nice. J'ai quelques souvenirs du séjour mais pas du voyage si ce n'est que mon père avait joué aux cartes toute la nuit avec des collègues.
L'année suivante et pendant 2 autres années, j'ai emprunté le Paris-Nîmes de nuit pour aller en colonie de vacances à Chambon le Château en Lozère, perché à 1 000 m d'altitude. Nous sommes descendus à la gare de Chapeauroux au fond des magnifiques gorges de l'Allier, à 750 m d'altitude, avant de remonter vers le lieu de la colonie. Petite précision : à l'époque, pour aller de Paris à Nîmes, on empruntait obligatoirement cette voie en passant par Clermont-Ferrand alors qu'aujourd'hui on passe par Lyon et la vallée du Rhône dans la mesure où la très belle ligne Clermont-Ferrand - Nîmes est très lente du fait de son tracé (mais elle vaut le détour).
Dans les années 1960, nous allions en vacances près de Perros-Guirec en Bretagne et nous empruntions le train de nuit Paris - Brest et nous changions à Plouaret au petit jour pour finir le voyage en train vers Lannion puis nous terminions en bus. En général, je me réveillais à Rennes mais je me rendormais après malgré l'exigüité du compartiment.
A la même époque, j'ai pris des trains de nuit afin de rejoindre des camps scouts dans les Alpes. Paris - Briançon (en passant par Lyon et Grenoble) jusqu'à Veynes puis, le matin, train local de Veynes à Manosque. Une autre année, ce fut la Paris - Turin jusqu'à Saint Jean de Maurienne. En 1966, j'ai enchaîné les transports pour aller du Monastier sur Gazeille (Haute Loire) jusqu'à Perros-Guirec : je suis parti en fin d'après-midi, en bus, jusqu'au Puy, là j'ai pris le train vers Lyon en changeant à Saint Étienne avant d'emprunter le Lyon - Nantes de nuit et de continuer en passant par Redon, Rennes, Plouaret, Lannion. Un troupeau de vaches ayant eu le malheur de passer sous le train, je suis arrivé en retard à destination pour un périple qui a duré près de 24 h.
Mes premier voyages de nuit à l'étranger ont concerné l'Algérie. D'une part, en 1967, le Alger - Constantine jusqu'à la gare de Chelghoum Laïd (ex Châteaudun du Rummel) située sur les Hauts Plateaux (il faisait frisquet en arrivant du fait de l'altitude, fin août) puis, l'année suivante, le bateau Skikda (ex Philippeville) - Marseille sur lequel nous étions les seuls touristes. Nous n'avions pas le choix car nous étions en voiture (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2018/08/voyager-il-y-a-50-ans-3.html).
Puis ça s'est enchaîné à un rythme de plus en plus rapide.
D'une part, des voyages au long court en avion. Les plus longs étant Paris - Lima (avec escales aux Canaries, à Rio de Janeiro, à Buenos Aires et Santiago du Chili ; entre ces 2 villes, survol de l'Aconcagua), Lima - Paris (avec une escale à Panama), Paris - Hanoï (avec escales à Moscou, Koweit, Bombay, Rangoon, Vientiane), Pékin - Paris (avec plusieurs escales dont une à Rawalpindi où disparut la valise d'une de nos compagnes de voyage et, juste avant, le survol du Karakorum massif culminant à plus de 8 000m ), Paris - Los-Angeles (avec une escale à Chicago sauf erreur).
Puis des voyages en bus sur de longues distances : Paris - Lisbonne, Paris - Prague, Chicago - Yellowstone (de 7 h du matin à 17 h le lendemain), Yellowstone - Seattle (moins long mais moins intéressant car je suis arrivé vers 3 h du matin), Winnipeg - Toronto (un peu moins de 24 h).
Des voyages de nuit en train encore. Dakar - Bamako et retour ; épique ! Le TAZARA entre Dar es Salam et Iringa. De nouveau Paris - Nice afin de prendre le bateau pour la Corse ; plusieurs voyages vers l'Italie à la fin des années 1960 et au début des années 1970 (vers Orvieto en effectuant une halte à Milan ; vers Naples en passant par Rome ; un autre Paris - Rome ; un Pise - Paris...) ; Paris - Copenhague et retour (pour traverser le Fehmarn Belt, le train rentrait dans le ferry) ; Oslo - Bergen.
Et pour finir, en 1980, deux voyages de nuit en bateau : de Tromsø à Honningsvag (j'ai peu dormi car je voulais voir le soleil de minuit) et Vaasa - Sundsvall.
Quand je voyage, j'aime beaucoup regarder le paysage, une carte dans une main et l'appareil photo dans l'autre (à condition d'être installé près de la fenêtre ou du hublot). Bien évidemment, on ne bénéficie pas de ce plaisir la nuit.
Néanmoins, il y a des très beaux souvenirs. Des levers du jour magnifiques : la Riviera orientale en quittant Gênes ; la côte norvégienne quand il fait jour 24h/24 en été ; le "mur" des Rocheuses au bout des Hautes Plaines ; la sortie des Alpes au nord de Milan ; la neige éclairant la voie sur le coup de 3h45 du matin, en mai, à Finse située à 1 222 m d'altitude, en bordure du Hardangervidda, avant de descendre vers Bergen ; un petit-déjeuner dans une auberge aux environs de Plzen/Pilsen qui était "dans son jus" des années 30. Quelques haltes de nuit sont dans aussi dans ma mémoire comme les bords du lac à Sault Sainte Marie ou une promenade dans Hammerfest vers 5 h du matin à la mi-juillet (il faisait plein jour mais les rues étaient vides).
Par ailleurs, on dort moins bien que dans son lit sauf si on a loué une couchette (mais, même dans ce cas, ce n'est pas l'idéal car il faut tenir compte des desiderata de ses voisins). Par contre, on gagne du temps et une nuit d'hôtel. De toute façon, quand on vole jusqu'au bout du monde, on n'a pas le choix. Quand on circule d'est en ouest ou inversement, on est, en plus, affronté au décalage horaire et on perd un peu la notion du temps.
A suivre...