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10 janvier 2024 3 10 /01 /janvier /2024 08:31
Les minima de l'hiver 1984 - 1985 en France

Les minima de l'hiver 1984 - 1985 en France

     Les commentateurs semblaient étonnés, ces derniers jours, qu'il fasse si froid en Scandinavie et que, ces jours-ci, le thermomètre reste en-dessous de zéro en France. Les climatologues et météorologistes autoproclamés (et ils sont légion) restent sans voix. Pourtant, rien que de très banal à quelques exceptions près. Petit rappel des bases de la "climatologie pour les nuls"

 

     Dans la station suédoise de Kvikkjokk, on a relevé - 43,6° ce qui serait le record de froid depuis les premiers relevés en 1888. A Kautokeino, bourg de Laponie norvégienne, le mercure est descendu jusqu'à - 41,6°. Dans la capitale norvégienne, Oslo, le thermomètre annonçait - 27° avec une pointe de 31,1° à Bjørnholt (dans la forêt au nord de la ville ; voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-nordmarka-124129337.html). 

 

     Le cas de Kautokeino n'est pas trop surprenant : il est fait toujours très froid en hiver ; il faut dire que ce lieu se situe à 69°14' de latitude nord, à 300 m. d'altitude et, surtout à plus de 130 km de la côte. Cette petite ville subit un climat continental (avec hiver froid) aggravé par la latitude. 

 

     En ce qui concerne Kvikkjokk, on est plus étonné. Là aussi, règne le climat continental mais la latitude est plus basse (66°57' N) et l'altitude pas très élevée. 

 

     C'est la vague de froid d'Oslo qui surprend le plus dans la mesure où la ville se situe aux alentours du 60ème degré et au fond d'un fjord. Il est très rare que le mercure descende en dessous de - 20° ; quant à Bjørnholt, c'est encore plus curieux. 

 

     Néanmoins, la vague de froid n'a pas touché toute l'Europe du Nord. Au même moment, la température dépassait 0° au bord de la mer en Norvège :+2° à 250 km au nord de Kautokeino et des températures également positives à Tromsø envahie par la fonte de la neige (pour en savoir plus sur cette ville : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/10/la-ville-la-plus-septentrionale-du-monde-suite.html). Plus étonnant, le 9 janvier 2024, il neigeait à Bonnétable avec une température autour de - 4° alors que la "ville la plus septentrionale du monde" affichait 5° de plus à une latitude de 22° plus au nord. Rassurons-nous, il devrait faire anormalement froid à Tromsø dans les jours à venir (on annonce - 19° au milieu du mois ce qui serait tout à fait exceptionnel). 

 

     Que retenir de ces comparaisons ?

 

          Tout d'abord, l'influence considérable, en hiver, de la dérive nord-atlantique (autrefois nommée Gulf Stream) qui explique qu'on ne constate quasiment jamais de froid polaire, quelle que soit la latitude, le long de la côte atlantique de l'Europe. On le constate à Brest comme au Cap Nord (où la mer ne gèle jamais). Plus on s'éloigne des rivages, plus la température minimale (moyenne ou absolue) baisse ; la Sibérie connait donc des froids "sibériens" (la Yakoutie battant tous les records de froid en dehors de l'Antarctique). Le cas de Saint Pamphile situé autour de 350 m d'altitude dans les Appalaches québecoises surprend encore plus ceux qui ne connaissent pas la notion de continentalité : située à la même latitude que Noirmoutier, cette petite ville voit régulièrement le thermomètre descendre en dessous de - 20° et a connu des minima autour de - 40° il y a quelques années. 

 

          Il peut y avoir des vagues de froid que l'on ne sait pas toujours bien expliquer. Le cas de la France est intéressant à cet égard : les hivers des années 1980 ont été froids et neigeux comme le montre de façon spectaculaire la carte présentée en introduction qui évoque l'hiver 1984 - 1985.  On notera que les températures les moins basses se situaient à Brest, Nice et Perpignan (climat océanique pour le Finistère et méditerranéen pour les deux autres villes). Cet hiver là, il y eut un jour où il faisait - 15° à Sablé sur Sarthe malgré la proximité de la Sarthe. En 1981, il y a neigé pour la première fois dans la nuit du 12 au 13 décembre. Le tapis neigeux a duré une quinzaine de jours à plusieurs reprises au point que "Les Nouvelles" avaient organisé une épreuve de ski de fond dans le parc du Château (mais ne fournissait pas l'équipement), etc. Notre pays a également connu plusieurs hivers "polaires" en 1956 et 1963 et les historiens rappellent que la Manche et, même le Nil, ont pu geler dans le passé. 

 

     Pour remettre les pendules à l'heure :  https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2024-01-10/vous-avez-froid-ce-n-est-rien-compare-aux-trois-pires-hivers-de-ces-70-dernieres-annees-en-france-7a148179-5cc1-4474-ace8-1de4c5910962

On remarquera que le lieu qui n'a jamais connu de températures inférieures à - 3,3° ne se situe pas sur la Côte d'Azur mais sur une île au large du Conquet : Ouessant (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/12/cap-a-l-ouest.html). 

 

     Le gel a un gros avantage : il permet de ramollir quelques fruits sauvages : les nèfles qui doivent être consommées "blettes" et le fuit de l'églantier avec lequel vous produirez des infusions ou des gelées (c'est le moment de le dire). Il en reste encore en campagne (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-fruits-comestibles-120412280.html)

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23 mai 2023 2 23 /05 /mai /2023 15:42

     Une élection municipale partielle intégrale a eu lieu dimanche 14 mai à Bonnétable. Elle a été rendue nécessaire par la démission, le 1er mars 2023, du maire, Frédéric Barré, suivi de la démission de 12 autres élus. Comme il n'y avait eu qu'une seule liste en 2020, il n'y avait pas un seul candidat non élu pouvant les remplacer et il était donc impossible d'élire un nouveau maire. Étant donné que la commune a plus de 1 000 habitants, c'est la totalité du conseil qui était soumise à renouvellement. 

 

     Pourquoi ces démissions ? A cause de l'ambiance exécrable régnant au sein du Conseil Municipal pourtant "unicolore". 

 

     Pour bien comprendre, il faut revenir quelques dizaines d'années en arrière.

 

     En juin 1995, Yvon Marzin, directeur d'école, divers gauche mais proche du PS, devient maire de la commune en succédant à un élu de droite. Au bout de 6 ans, il cède la place à Christian Fleury, postier, autre divers gauche, parfois étiqueté PCF, mais se fait élire conseiller général du canton où il siège de 2001 à 2008. A cette date, Fleury garde la place de maire et se présente aux cantonales où il est battu par Jean-Pierre Vogel, divers droite à l'époque. 

 

     Intéressons-nous à ce dernier. Expert-comptable de profession, il est devenu, en 1995, maire de Beaufay. Cette commune, voisine de Bonnétable, a la particularité de ne pas faire partie du canton mais d'appartenir, quand même à la communauté de communes, dite Maine 301, dont Vogel prendra la tête dès 2000 en remplacement de l'ancien maire de Beaufay. Fort de ce tremplin, le maire de Beaufay, président de la CdC, ayant adhéré à l'UMP, se fait élire conseiller général du canton de Bonnétable en 2008 en battant Christian Fleury qui, cependant, reste maire de Bonnétable. Vogel innove dans la propagande institutionnelle en insérant dans le journal de la communauté de communes un encart où il vante son action de conseiller général. Tout le monde comprend que la commune de Bonnétable est la prochaine cible. 

 

     En 2014, Fleury ne se représente pas à la mairie et la liste de gauche est dirigée par un jeune retraité peu connu sur place : Joseph Carreno. Il y a une liste de droite dirigée par Pascal Yvon, qui lui, est bien connu localement mais ne pourra pas non plus faire le poids face au 3ème concurrent. En effet, Jean-Pierre Vogel a imaginé un scénario original : son épouse se présente pour lui succéder à Beaufay et, lui, est candidat à Bonnétable où il s'est arrangé pour payer des impôts locaux. Il mène une puissante campagne et, à l'issue du premier tour, il lamine ses adversaires : avec 62,12 % il obtient 22 sièges sur 27 . La liste Carreno doit se contenter de 22,19% (3 sièges) et celle de Pascal Yvon de 15,69% (2 sièges). Mme Vogel gagne à Beaufay face à une liste divers gauche et, dans la foulée, remplace son époux à la tête de la CdC. Le couple contrôle donc 2 communes, le canton et la CdC (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-chez-les-vogel-et-les-boulard-la-politique-est-une-affaire-de-famille-123471429.html) Mais ce n'est pas fini ! 

 

     En effet, comme l'appétit vient en mangeant, Jean-Pierre Vogel annonce sa volonté d'être candidat aux sénatoriales ayant lieu en septembre de la même année. Problème : l'UMP intronise Louis-Jean de Nicolaÿ, grand notable, propriétaire du château du Lude et maire de cette commune. Or, il s'agit d'un scrutin de liste et le n°2 de la liste doit être de sexe opposé. Comme la droite ne peut espérer que 2 sièges, c'est rapé ! Mais non !

 

     Car Jean-Pierre Vogel décide de constituer une liste de droite dissidente dont il prend la tête. Bingo ! La liste socialiste vire en tête devançant la liste UMP officielle mais celle de Vogel n'a que 25 voix de retard et récupère le 3ème siège en ajoutant une cinquième corde à l'arc familial. Un exploit ! Pas pour longtemps car, dès 2014, Vogel doit  commencer par céder sa place de conseiller général à sa suppléante qui ne restera qu'un an.

 

     Le sénateur-maire embellit la ville mais ne lance pas de grands investissements d'autant qu'il souhaite réduire la dette. Tout va pour le mieux mais les multiples réformes concoctées sous le mandat de François Hollande vont compliquer la donne. 

 

     En effet, la carte des intercommunalités est considérablement modifiée, les cantons sont redécoupés et leurs élus sont élus sur la base d'un binôme paritaire femme - homme et enfin, les lois réduisant le cumul des mandats sont renforcées. 

 

      En 2015, c'est le binôme Véronique Cantin (maire de Neuville) - Thierry Lemonnier (adjoint à Bonnétable) qui se fait élire dans le nouveau canton. Ils seront réélus en 2021. En 2017, se met en place la nouvelle communauté de communes nommée Maine Saosnois (un monstre composé de 51 communes et de 75 conseillers) qui va de Bonnétable à Mamers. C'est le maire de cette commune, Frédéric Beauchef qui en prend la tête. Au total, le couple Vogel a perdu 2 mandats. 

 

     La même année 2017, une nouvelle loi anti cumul rentre en application interdisant à un député ou à un sénateur d'être, en même temps, à la tête d'un exécutif (par exemple, maire d'une commune). Vogel voit rouge car il va devoir choisir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2017/09/le-choix-des-cumulards.html

 

     Il décide d'abandonner le poste de maire tout en restant conseiller municipal. Qui va lui succéder ? Il y a 2 candidats déclarés : Patrick Corbin et Marie-Laure Pléver (dont on reparlera) mais le sénateur n'en veut pas. Il s'arrange donc, par une manoeuvre dont il a le secret, pour les écarter et propose un professeur enseignant au collège local : Frédéric Barré dont il devient le "conseiller personnel" (mais si !). Celui qui passe pour un "homme de paille" ne fait pas l'unanimité puisqu'il n'obtient que 18 voix sur 27 ; il y a donc 4 élus de la majorité qui n'ont pas suivi le choix de Vogel. Cependant, pour bien montrer qui est le "chef", le journal municipal s'enrichit d'une "page" du sénateur et, en plus, d'une "page" du conseiller départemental venant en sus de l'éditorial du maire. Comment est-ce possible ? Le Tribunal Administratif n'ayant apparemment pas été saisi on n'en saura pas plus sur la légalité de cette innovation politicienne. 

 

     En 2020, Patrick Corbin tente de former une liste : sans succès. Marie-Laure Pléver argue de sa charge de travail pour ne pas se représenter. La gauche est incapable de présenter une liste malgré un ballon d'essai en 2019. Yvon renonce. Il n'y a donc qu'une seule liste dirigée par le maire sortant et comprenant l'inévitable Vogel. Celui-ci va triompher aux sénatoriales de 2020 en humiliant de Nicolaÿ. Tout baigne ! 

 

     On ne sait pas précisément ce qui s'est passé entre les deux hommes mais, une fois la crise du COVID passée, il apparaît de plus en plus nettement que Vogel joue le rôle de premier opposant au maire qui semble ne plus avoir trop envie de l'aide de son "conseiller personnel". La lecture du compte-rendu des séances du Conseil Municipal est particulièrement éclairante sur ce point. La crise culmine lors d'un conseil municipal tenu en décembre 2022 : https://actu.fr/pays-de-la-loire/bonnetable_72039/a-bonnetable-le-torchon-brule-entre-le-maire-frederic-barre-et-le-senateur-vogel_56111463.html. Épuisé par le harcèlement de son mentor, le maire décide donc de démissionner entraînant près de la moitié du C.M. dans le départ (en particulier, une adjointe, mise en cause publiquement par l'inévitable Vogel lors d'une dernières séances du CM). Le premier adjoint, devenu maire par intérim tiendra, quand même, un dernier conseil pour faire voter le budget ; à cette occasion une élue s'en prendra violemment à Jean-Pierre Vogel sans toutefois le nommer. 

 

     Jean-Pierre Vogel se retrouve, à nouveau, maître du jeu. Peu de temps après le départ de Barré, il annonce que la future liste est prête. Il avait tout prévu mais trop c'est trop ! Des Bonnétabliens, principalement de sensibilité de gauche, décident de se mobiliser contre ces pratiques très bassement politiciennes. Dès la première réunion, la liste est quasiment complète mais il faut, en un très court laps de temps, remplir les formalités administratives, rédiger et imprimer profession de foi et bulletins de vote, distribuer un tract, préparer une réunion publique... Pari réussi par la liste dirigée par Thierry Bottras, professeur de lycée, tout juste retraité, qui se nomme "Bonnétable Autrement" (voir : https://www.facebook.com/bonnetable.autrement)

 

     Quant à la liste de droite, on a deux surprises : en effet, si beaucoup de candidats sont d'anciens élus de 2014 ou de 2020, il y a une revenante - Marie-Laure Pléver, évincée en 2017, qui prend la tête - et un absent : Jean-Pierre Vogel. 

 

     On se perd en conjectures au sujet de cette configuration. Est-ce Vogel qui a fumé le calumet de la paix avec celle qu'il avait écartée. Est-ce la tête de liste qui a exigé que le sénateur ne soit pas candidat. Est-ce celui-ci qui a eu peur d'un vote anti-Vogel dévastateur ? 

 

     Le 14 mai, la liste Pléver soutenue par toute la droite départementale, l'emporte nettement avec 875 voix (près de 64% et 22 élus) contre 499 (un peu plus de 36% et 5 élus). Le 22 mai, elle est élue maire de Bonnétable. Le jour du conseil, Jean-Pierre Vogel était assis au premier rang des spectateurs. 

 

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27 mars 2023 1 27 /03 /mars /2023 16:18

     L'intersyndicale du Pôle Santé Sarthe et Loir (P.S.S.L.) appelait à un rassemblement, aujourd'hui, à 12h45, devant l'entrée de l'hôpital du Bailleul qui est en grand danger. 

Défense de l'hôpital du Bailleul

     Plusieurs centaines de personnes avaient répondu présent. Des salariés du PSSL (y compris des médecins), des élus des cantons voisins venus en nombre (dont les maires de La Flèche, Sablé, Loué, d'autres maires et des adjoints), la députée NUPES de la 4ème circonscription (Élise Leboucher), le sénateur socialiste de la Sarthe (Thierry Cozic) ainsi que des syndicalistes CGT, CFDT, SUD, FO, FSU aussi bien de l'hôpital du Mans que d'autres branches professionnelles et, aussi, nombreux, de simples citoyens inquiets pour l'avenir de l'hôpital, de la la santé publique et des services publics. 

Défense de l'hôpital du Bailleul

     Interventions de la déléguée syndicale CGT du PSSL, du responsable de l'union des syndicats santé-sociaux CGT du département, de la députée, de Nadine Grelet, maire de La Flèche et présidente du Conseil d'Administration de l'hôpital. On a beaucoup parlé de la loi Rist - dont je ne maîtrise pas bien les tenants et aboutissants - mais c'est surtout le délabrement de l'hôpital public et l'abandon des services publics qui a été dénoncé. Il y a 20 ans, il y avait 2 hôpitaux publics (Sablé et la Flèche) et une clinique privée (La Flèche) dans la zone désormais desservie par l'unique hôpital qui a regroupé ces services ; ça marchait mieux qu'aujourd'hui. Pourquoi ?  Autrefois, nous avions 6 maternités publiques en Sarthe ; actuellement, il n'y en a plus qu'une qui fonctionne régulièrement. Un ami me confiait qu'une personne de sa famille, enceinte, qui habite à 5 km de l'hôpital du Bailleul, ira accoucher à Château-Gontier pour plus de sécurité. Si Macron et son gouvernement avaient le sens de l'intérêt général, ils feraient mieux de prendre à bras le corps ces problèmes qui affectent les régions rurales (et la Sarthe est particulièrement mal lotie) plutôt que de s'acharner à vouloir imposer un report de l'âge de la retraite dont personne ne veut. 

 

     Espérons aussi que le bon sens prévaudra dans les relations entre personnels de santé et élus pour faire avancer rapidement le dossier de la Maison de santé pluridisciplinaire à Sablé afin de mieux soigner les habitants du Pays Saboliens. 

 

     

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1 mars 2023 3 01 /03 /mars /2023 17:03

     Lundi soir, l'association AIME proposait un ciné - débat autour du film "Le Chêne". La salle était comble, beaucoup de spectateurs n'étant pas adhérent à l'association. 

 

     Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, le film évoque très peu l'arbre en question : un chêne pédonculé vieux de 210 ans. Certes, il est présent en permanence mais essentiellement comme hôte et témoin d'une vie animale intense à proximité. On est, d'ailleurs impressionné par la diversité des espèces animales présentées ; plus d'une vingtaine du cerf jusqu'aux insectes. Un écureuil solitaire faisant la liaison entre tous. On est surtout estomaqué par le virtuosité technique de ce film animalier que ce soit quand il suit la poursuite d'un geai par un rapace, quand il se terre au milieu des mulots ou quand il semble photographier un "ver" s'apprêtant à sortir d'un gland. On comprend qu'il y ait eu besoin de beaucoup de temps pour réussir de telles prouesses qui nous immergent totalement dans le milieu même si on devine qu'il y a une sorte de scénario. 

 

     Le film n'évoque donc pas la formation végétale dans laquelle ce chêne s'épanouit. On constate seulement que ce vénérable ancêtre se situe dans une forêt de feuillus (on nous précise quand même que c'est en Sologne) mais en bordure d'une clairière, en grande partie occupée par un étang. On comprend bien ce parti pris : les animaux sont bien meilleurs "acteurs" que des plantes. Ce n'est pas très gênant dans la mesure où les naturalistes pourront se pencher sur leurs ressources livresques (par exemple, même si c'est un peu au sud, le livre de Marcel Bournérias : "Guide des Groupements végétaux de la région parisienne"). 

 

     Le débat a été animé par deux intervenants spécialistes de la forêt et on a donc surtout parlé de celle-ci et de ses composants arborés. Ce qui a permis de fournir d'utiles précisions et de déminer certains thèmes polémiques. L'un est responsable pour la Sarthe du CNPF (qui n'a aucun rapport avec l'ancêtre du MEDEF mais signifie Centre national de la Propriété Forestière - https://www.cnpf.fr/le-cnpf-et-la-foret-privee/organisation-du-cnpf/le-centre-national-de-la-propriete-forestiere qui est un établissement public qui est chargé du développement "durable" des forêts privées). L'autre est un agent de l'ONF (Office National des Forêts - chargé de la gestion de la forêt publique française https://www.onf.fr/onf/connaitre-lonf/+/28::les-enjeux-valeurs-et-missions-de-lonf.html) travaillant à cheval sur la Sarthe et la Mayenne à partir de la forêt de Sillé. Cette dualité complémentaire dans l'expertise était particulièrement stimulante. 

 

     Je retiendrai quelques thèmes où ils ont permis de clarifier les termes du débat. 

 

     A commencer par les "coupes" qui mettent à bas plusieurs hectares de forêts et qui sont dénoncées par certains défenseurs de l'environnement. Ils ont précisé qu'il y a 2 types

     L'une consiste à abattre les arbres arrivés à maturité et à laisser s'opérer la régénération naturelle ; donc de la même espèce. Il y a une soixantaine d'années, j'avais eu l'occasion de visiter le magnifique forêt de Lyons en Normandie et le garde forestier nous avait tout expliqué et j'ai été tellement intéressé que cela a induit, en partie, ma vocation ; à l'époque, on sélectionnait les meilleurs éléments en nettoyant tous les 30 ans avant de couper de magnifiques fûts de 180 ans d'âge. Il semble que, désormais, ce soit plus souple mais le principe reste le même. 

     L'autre ni plus ni moins spectaculaire consiste à modifier les essences et, de fait, on privilégie alors, le plus souvent, les résineux, y compris ceux d'origine étrangère comme le douglas. ce qui est contesté par certains comme la monoculture de vastes espaces de céréales : mêmes causes, mêmes effets mais ne dit-on pas que les exploitants forestiers sont des des "sylviculteurs" pendant du terme "agriculteur". A mon avis, il faut plutôt essayer de comprendre les raisons de leurs choix sachant qu'un exploitant privé doit vivre de son activité. 

     Le technicien du CNPF a rappelé que beaucoup trop de propriétaires avaient de petites parcelles très mal exploitées et que l'un des buts de son organisme est de favoriser les regroupements pour aboutir à une meilleure gestion. Il a, également, précisé que les coupes sont encadrées par la nécessité de fournir un projet d'exploitation dès lors que l'on dépasse une certaine surface. Y compris quand il s'agit d'un bois très médiocre et non d'une belle futaie. 

 

     Autre révélation pour certains qui pensent le contraire : la forêt progresse en France. J'ajouterai que c'est une évolution qui s'est amorcée au XIXème siècle. Non seulement, il y a eu, surtout depuis Napoléon III, le boisement d'immenses surfaces de terres pauvres (la gigantesque forêt des Landes ou la Sologne) mais, plus modestement, on a remplacé des sommets chauves par de magnifiques boisements comme à l'Aigoual. Aujourd'hui, cette progression des boisements a plusieurs sources : la déprise agricole qui peut amener à boiser une parcelle (souvent en résineux) mais, également, le boisement spontané dans des milieux "naturels" ouverts (pelouses, sables, landes, marais et tourbières). On en arrive, d'ailleurs, parfois à vouloir bloquer ce phénomène pour préserver des biotopes d'un grand intérêt ; par exemple, dans le marais de Cessières, dans l'Aisne, où j'ai travaillé pour mon mémoire de maîtrise, on détruit les intrus pour sauvegarder une tourbière ayant une végétation subarctique exceptionnelle. Et, puisque l'on évoque les hautes latitudes (et altitudes), il est évident que le réchauffement climatique favorise l'élévation de l'altitude limite de l'arbre. 

 

     Ce qui m'amène à évoquer un débat qui a été esquissé sur des bases inexactes : le concept de "forêt primaire". Pour certains, il s'agirait de forêt que l'on conserverait en l'état pendant des décennies mais ils oublient que l'homme a façonné les forêts depuis des millénaires. En France, il n'existe aucune forêt originelle et c'est vrai dans la plus grande partie du monde hormis pour certaines forêts équatoriales et continentales (mais les archéologues ont démontré que des clairières de culture très élaborées avaient existé dans des lieux où règne la forêt amazonienne). A une échelle plus modeste, il faut rappeler que les belles hétraies et chênaies de notre pays ont été conçues sous Louis XIV, en particulier pour la flotte et qu'elles ne sont donc pas celles où habitaient les Gaulois. 

 

     Terminons par une note sabolienne. La zone comprise entre le parc du Château et l'écluse du port de Juigné est remarquable par l'existence de peuplements assez denses de chênes verts, arbres méditerranéens, qui sont ici à leur extrême limite septentrionale. Ils sont menacés dans le parc (et un peu dans le jardin public) et je plaide pour que l'on clôture leur petit massif afin qu'il se régénère (on a déjà perdu un magnifique massif de rhododendrons et on a abattu, il y a quelques décennies, un chêne rouge d'Amérique). Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2019/02/espaces-verts-a-sable-encore-des-progres-a-faire.html ou https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2018/07/les-espaces-verts-a-sable-2.html

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25 février 2023 6 25 /02 /février /2023 13:33

     Hier, c'était le triste anniversaire du début de l'agression militaire de Poutine contre l'Ukraine (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2023/02/1-an-deja.html. A cette occasion, hier comme aujourd'hui, des manifestations ont lieu partout en France mais elles sont de nature différente. 

 

     Par exemple, à Sablé, une minute de silence a été observée devant la mairie de Sablé, hier midi, à l'initiative du président de la communauté de communes et en relation avec les Ukrainiens réfugiés dans notre ville. Il est dommage que l'information ait été trop tardive ; sinon, j'y serais allé et d'autres auraient - je l'espère - fait comme moi. 

 

     Hier, encore, au Mans, quelques centaines de personnes se sont rassemblées sur la base d'un appel de 2 associations et de la Ligue des Droits de l'Homme. Aucune organisation politique n'était partie prenante mais avaient-elles été sollicitées ? 

 

     Dans d'autres villes, comme à Nantes, c'est sur la base d'un appel nettement plus large, associant des associations, des syndicats et des partis (la LFI a signé) sur la base de mots d'ordre minimaux. 

 

     La députée de ma circonscription a publié un communiqué dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est très décevant (c'est un doux euphémisme) : "Cela fait un an que Vladimir Poutine a fait le choix criminel de la guerre en Ukraine. Au milieu de ce désastre, mon soutien va aux peuples victimes de la guerre qui paient le prix fort du jeu des puissants. Halte à la guerre". Il est triste de constater que ce texte a été approuvé par plus d'une vingtaine de personnes. J'ai décidé de réagir avec le commentaire suivant : "Halte à la guerre oui mais comment ? Quelles exigences avoir ? En rester à l'émotion ne suffit absolument pas. Quant à la portion de phrase suivante, elle est plus qu'ambigüe : "peuples victimes de cette guerre qui paient le prix fort du jeu des puissants". Qui sont les "peuples" ? Sont-ils "victimes" de la même façon ? Entre subir des bombardements quotidiens et voir des vies et des habitations détruites par dizaine de milliers, est-ce la même chose que d'appartenir à un pays dont la chef a envahi un pays voisin mais où on ne risque rien si on n'est pas mobilisé ? Quant à la formule "le jeu des puissants", cela revient à mettre sur le même plan l'agresseur et l'agressé". 

 

     Évidemment, il s'est trouvé un mélenchoniste pour me critiquer et considérer que la cause de la guerre était la rivalité États-Unis - Russie. Un habitant du Mans lui a répondu vertement. On attend la suite. 

 

     Comme les partisans plus ou moins déguisés de Poutine et les nostalgiques de la grande URSS n'hésitent pas à raconter n'importe quoi, je vous signale cet article très documenté qui fait litière de tous les ragotshttps://aplutsoc.org/2023/02/18/des-fakes-a-la-place-de-la-realite-ukrainienne-une-peste-emotionnelle/?fbclid=IwAR3VGE10aSiZ366DfI6HO82x2vQcYpf8vtPo1-XYIYQdDnXMWggasMYtB7M

 

     Et pour montrer que LFI est diverse au sujet de l'Ukraine, je vous livre le point de vue de Clémentine Autain, députée de la Seine Saint Denis. Je ne partage pas tout ce qu'elle dit mais elle a le mérite de donner un autre son de cloche : https://www.lejdd.fr/international/tribune-clementine-autain-pour-que-poutine-abandonne-sa-guerre-en-ukraine-132947?fbclid=IwAR2KQBPXQf0g_dXjINNIK7VSB6pZPOAIBOmGH7A_f7NcKJF0K6txVNIDqnc

 

     Pour finir : une déclaration intersyndicalehttps://www.facebook.com/photo/?fbid=3480124955643744&set=a.1608809522775306&__cft__[0]=AZXEN5CV2Nj4JS54yqYzU_sPZle5V1OwfrN4Ir-X2W9xiMMjrRlSjWw4NayZfyZw-eTIUMHW2ULB_KEJjG9fqq1nRf_-7fKGVbI2x10rkucipRq7rajJj1uNJcSaUPxkwaALUXI78Wwi032FniKGogMEbyaW2WktHjKEBWE3wqgtr9G1Af9PBnmosu-QJApGAxg&__tn__=EH-y-R

 

 
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24 février 2023 5 24 /02 /février /2023 07:13

     Cela fait un an que les troupes d'Adolf Poutine ont commencé leur guerre d'agression contre l'Ukraine. En fait, la tentative de liquidation de l'indépendance ukrainienne a commencé 8 ans plus tôt avec les opérations de démembrement du pays en Crimée et dans le Donbass puis le blocus des ports militaires de la mer d'Azov (voir mon article du 24 février : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/le-nouvel-imperialisme-russe.html)


     Le 24 février, comme Hitler contre la Pologne en septembre 39, Poutine a attaqué l'Ukraine sur 3 fronts avec l'aide de son valet, le président biélorusse Loukachenko. Les troupes impérialistes, bien supérieures en nombre et en matériel, ont conquis d'importants territoires mais n'ont pas pu prendre Kiev, n'ont pas pu assassiner le président ukrainien et se sont heurtées à une résistance populaire farouche. L'Ukraine a tenu le choc (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/03/les-buts-de-guerre-de-poutine.html ; 

 

     En France, nous étions en pleine campagne électorale ce qui a obligé les candidats à condamner l'agression ; y compris les stipendiés de la Russie ; y compris les pseudo-anti-impérialistes ; y compris ceux qui voulaient ménager le nouveau tsar. Par contre, très vite, la petite musique défaitiste a commencé à se faire entendre et il n'y a eu aucune campagne massive de soutien aux Ukrainiens. 

 

     Dès le début, j'ai pris position clairement : "Les seuls mots d'ordre justes sont : arrêt de l'agression russe, retrait inconditionnel des troupes russes et biélorusses de la totalité du sol de l'Ukraine, reconnaissance de l'indépendance de l'Ukraine dans ses frontières de 1991. Tout le reste est un dangereux bavardage". J'ai eu l'agréable surprise de constater que quelques individus (en particulier un Manceau, ancien de la LCR, des militants d'Ensemble, le collectif dirigeant les éditions Syllepse, des militants de Sud...) et le NPA étaient sur la même ligne. Ensemble a, très rapidement suivi. Ce fut à peu près tout mais les positions ont évolué en un an et on constate - par exemple - la signature de la CGT et de FO sur un communiqué intersyndical paru ces derniers jours : https://ensemble-mouvement.com/pour-une-paix-juste-et-durable/

 

  Depuis un an, je me suis attaché à informer sur l'Ukraine (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/03/breve-histoire-de-l-ukraine.html ou https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2023/01/la-gauche-et-le-mouvement-anti-guerre-en-ukraine-et-en-russie.html), à lancer le débat (voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/03/campisme.html ; https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/faux-amis-et-vrais-amis-de-l-ukraine.html ; https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/03/fausses-comparaisons.html ; https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/saint-adolphe.html), à évoquer l'évolution du conflit et des partis français : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/08/6-mois.html ou https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/10/8-mois-de-resistance.html.

 

Je vous invite, également, à lire les analyses développées sur le site d'Ensemble : https://ensemble-mouvement.com/la-gauche-doit-sortir-de-son-silence-sur-la-guerre-en-ukraine/ et https://ensemble-mouvement.com/solidarite-avec-la-resistance-ukrainienne/ et https://ensemble-mouvement.com/ukraine-une-bien-etrange-partition/ plus : https://ensemble-mouvement.com/soutien-a-lukraine-resistante-vol-16/

 

  Aujourd'hui, et demain, ont lieu, partout en France, des manifestations pour l'Ukraine. Ce soir au Mans à 17 h 30 devant le Préfecture.

     

1 an déjà.
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5 janvier 2023 4 05 /01 /janvier /2023 17:51

     Cette année, des photos insolites. 

Vu près de Bordeaux

Vu près de Bordeaux

Malte pendant la semaine sainte

Malte pendant la semaine sainte

Le tableau et le paysage peint près de Lassay.

Le tableau et le paysage peint près de Lassay.

A Ouessant sous le soleil

A Ouessant sous le soleil

Retour sur les lieux de mon mémoire de maîtrise 53 ans plus tard. Il existe désormais un circuit avec panneaux explicatifs mais les paysages ont bien changé.

Retour sur les lieux de mon mémoire de maîtrise 53 ans plus tard. Il existe désormais un circuit avec panneaux explicatifs mais les paysages ont bien changé.

Le petit train entre Soller et le port de Soller à Majorque.

Le petit train entre Soller et le port de Soller à Majorque.

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16 juillet 2022 6 16 /07 /juillet /2022 14:57

     La gauche française était partie divisée pour les Présidentielles avec pas moins de 6 candidats. Il n'avait pas été possible de faire l'union pour ce scrutin et il y avait donc 2 candidatures de plus qu'en 2017. Laissons de côté les frères ennemis trotskistes du NPA et de LO qui tiennent absolument à se présenter tous les 5 ans même si c'est, désormais, pour réaliser un score de plus en plus confidentiel. Les écologistes avaient souhaité avoir leur candidat alors qu'ils s'étaient effacés devant le candidat du PS, Benoît Hamon, en 2017 ; c'était tout à fait logique après leurs succès spectaculaires aux européennes de 2019 et aux municipales de 2020. Pendant un temps, on a même cru que les socialistes s'effaceraient devant une candidature écologiste. Quant au Parti Communiste Français, il avait considéré, à son dernier congrès, qu'il était nécessaire de se présenter de façon autonome aux élections européennes puis présidentielles dans la mesure où l'absence de candidat communiste en 2012 et 2017 semblait être la cause de leur effacement ; qui plus est, au poste de numéro 1, ils avaient remplacé Pierre Laurent, totalement dénué de charisme, par un jeune député du Nord plein de fougue : Fabien Roussel. Le résultat des Européennes ne fut pas à la hauteur des espérances même si le PCF avait fait une bonne campagne. Quant à Mélenchon, il paraissait impossible qu'il réitère son score de 2017 (près de 20%) après l'échec cuisant aux européennes et aux municipales ; surtout si le PCF - qu'il avait malmené en 2017 et ensuite bien qu'ils fussent alliés - l'abandonnait. Bref : les militants se désespéraient de cette situation et se résignaient à un match retour Macron - Le Pen  malgré l'échec de la fille de... aux cantonales. Néanmoins, une fenêtre semblait s'ouvrir pour l'Insoumis avec un concurrent très médiatisé de Marine Le Pen qui semblait en mesure de l'affaiblir sérieusement et, par conséquent, d'abaisser fortement "le billet d'entrée" au second tour. Voir mes 4 articles en commençant par le dernier https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/02/la-gauche-la-plus-bete-du-monde-4.html et ma chronique dont voici le dernier épisode : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/04/journal-de-campagne-16.html

 

     La surprise fut que les "marques" connues furent choisies par les électeurs au détriment des petits nouveaux dans un réflexe de "vote utile" logique quand il faut éliminer un concurrent sur trois. Les électeurs n'ont pas voté pour un programme ou un parti mais pour un homme ou une femme providentiels. La logique de l'élection présidentielle au suffrage universel a joué à plein. L'autre surprise fut le résultat catastrophique des candidates des deux grands partis s'étant partagés le pouvoir pendant des décennies : Valérie Pécresse pour, la droite LR et Anne Hidalgo pour le PS. Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/04/brefs-commentaires-apres-le-premier-tour.html. J'insiste sur un point : je n'ai publié qu'un tout petit commentaire sur mon blog car l'atmosphère était trop inflammable. 

 

     Ce qui était impossible pour la présidentielle devint possible pour les législatives. Jean-Luc Mélenchon a laissé ses bras droits agonir de reproches ses concurrents de gauche censés l'avoir empêché d'accéder au second tour (où il savait qu'il n'avait aucune chance) pour, illico, recoller les morceaux et proposer un accord pour les législatives aux candidats de gauche. On peut être surpris à la fois de la proposition d'union (alors qu'en 2017 Mélenchon avait tout fait pour essayer de liquider le PCF qui, pourtant était son allié à l'époque) et de la célérité avec laquelle l'accord s'est concrétisé ; je pense qu'il y avait eu négociations avant le premier tour. En tout cas, c'était un satisfecit pour le PCF qui défendait un pacte d'unité depuis des mois. Mélenchon avait compris que sans candidature unique dans les circonscriptions, LFI risquait d'avoir à peine plus de députés qu'en 2017 ; ses concurrents ont accepté en échange de la forte probabilité de conserver (ou de constituer) leur groupe parlementaire. Soyons clairs : il ne s'agissait que d'un accord électoral mais il a comblé d'aise les militants de gauche. 

 

     L'alliance LFI + PCF + Verts + Generations + PS a globalement bien fonctionné malgré quelques dissidences socialistes (en particulier dans la Sarthe). La NUPÉS a permis de qualifier un nombre important de candidats pour le second tour. Néanmoins, le résultat ne fut pas à la hauteur des espérances car l'alliance de gauche n'a même pas atteint les 150 députés, loin derrière l'objectif revendiqué mais inatteignable de majorité absolue (289 députés). La raison : la très forte mobilisation de la droite en faveur de ses candidats ou des candidats lepénistes au second tour et la diabolisation des mélenchonistes. Voir : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/et-maintenant-apres-les-legislatives-2022.html et les articles antérieurs sur les législatives en Sarthe et à Sablé. 

 

     Se pose désormais la question de la stratégie de la NUPÉS. Une première évidence : hors de l'union point de salut. Même si Le Foll tente de mettre en place une nouvelle gauche ayant un pied dedans et un pied dehors du PS sur une base modérée ("responsable" selon le mot fétiche de cette tendance socialiste qui abhorre Mélenchon caricaturé en effroyable gauchiste), ses chances de percer semblent très faibles pour le moment. Seconde remarque : au sein de l'alliance de gauche, le parti qui romprait l'union serait disqualifié aux yeux des militants sinon des électeurs. Le PS, le PCF, les écologistes doivent donc cultiver leur originalité sans rompre ; ce qui nécessitera une bonne dose de subtilité. Tertio : les mélenchonistes devront changer leurs méthodes mais ce n'est pas gagné. Ils doivent abandonner leurs prétentions hégémoniques et gérer un absent très présent : Mélenchon. Celui-ci n'est plus député mais il a encore la main mise sur le groupe et c'est encore lui qui donne le la. On l'a vu quand il a proposé un groupe unique à l'Assemblée, en contradiction avec l'accord conclu avec ses partenaires. On le constate encore dans le communiqué très "campiste" publié après la dernière session de l'OTAN. Ajouté à cela que le groupe LFI est assez hétérogène avec 2 groupes principaux : d'une part, la garde rapprochée qui correspond à un quart du groupe ; d'autre part, de nouveaux élus de Province sans expérience. Entre les deux, quelques électrons libres et des élus de 2017 qui ont "pris de la bouteille". LFI doit, également, décider si elle est dans une opposition frontale et brutale face à Macron (alors que le RN joue les modérés) ou si elle se présente comme une force de proposition. 

 

     La question clé pour l'avenir est de mobiliser l'électorat populaire. Il ne s'agit pas d'une mince affaire car ces citoyens s'abstiennent massivement et une fraction importante vote FN. Il y a donc un double enjeu et la réponse n'est pas simple tant le vote de rejet est ancré dans ces classes sociales. Certes, Mélenchon avait réussi a rallier les jeunes des banlieues populaires mais la classe ouvrière rurale lui est totalement hermétique. Fabien Roussel aussi bien que François Ruffin ont donc tout à fait raison de pointer la nécessité absolue de reconquérir cet électorat. 

 

     Localement, Élise Leboucher a bien démarré son mandat en prenant à bras le corps les sujets qui préoccupent les habitants de la circonscription ; tout particulièrement les services publics. Je vous invite à vous abonner à sa page facebook (https://www.facebook.com/elise.leboucher.7204) et à faire connaître son activité auprès de vos "amis". Néanmoins, la NUPÉS ne se réduit pas à une élue ; elle doit se structurer au niveau de la circonscription avec un impératif : un fonctionnement démocratique permettant d'associer tous les sympathisants de gauche. Nous en reparlerons. 

     

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25 juin 2022 6 25 /06 /juin /2022 17:05

     A première vue, pas beaucoup de modification mais, à y regarder de plus près, il y a beaucoup de changements. 

 

     Les macroniens avaient 2 députés sortants qui ne se représentaient pas. Ils sont remplacés par 2 autres députés macroniens. La gauche avait 2 députées sortantes socialistes. Elle retrouve 2 députées mais la sortante de la 4ème est battue et est remplacée par une députée LFI tandis que si la sortante de la 2ème garde son siège c'est grâce au  soutien de LFI, du PCF, d'EE-LV et du PS national et malgré l'opposition de la fédération socialiste qui lui avait mis une candidate dans les pattes. Enfin, le sortant de la 5ème est réélu mais au prix de son changement d'étiquette : il n'est plus LR mais pas encore LREM bien que le parti de Macron l'ait investi et n'ait donc présenté aucun candidat contre lui alors qu'un jeune militant LR était présent au premier tour. 

 

     En 2017, le PS était présent au second tour dans 2 circonscriptions qu'il avait emportées ; LREM était présente partout - sauf dans la 4ème où elle n'avait pas de candidat afin ne pas gêner le sortant socialiste Stéphane Le Foll - et l'avait emporté 2 fois ; LR était présent dans 4 circonscriptions au second tour et avait obtenu un député seulement ; le RN n'était présent nulle part  au second tour de même que LFI. 

 

     En 2022, le PS était absent du second tour de même que LR. Inversement, le RN participait à 4 duels sans pouvoir en gagner un seul et l'alliance de gauche (NUPÉS) remportait 2 de ses 3 duels (une LFI et une ex-PS). Enfin, LREM et son allié gagnait les 3 duels où elle concourait. 

 

     Reprenons, circonscription par circonscription. Le cas de la 4ème est étudié dans 3 autres articles : 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-dans-la-4eme-circonscription.html 

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/legislatives-2022-a-sable-sur-sarthe.html

https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2022/06/ouf.html

 

     Dans la 1ère, en 2012, une socialiste avait réussi à prendre le siège à la droite ; celle-ci espérait prendre sa revanche en 2017. Manque de chance, sa candidate trouvera sur sa route un jeune macronien qui raflera la mise d'extrême justesse face à LR. Il ne se représentait pas et les macroniens présentaient la fille d'un ancien cacique du PS local et de la député sortante de la 3ème de la Sarthe. Aux présidentielles, Macron était nettement devant Le Pen et Mélenchon mais Zemmour obtenait un résultat correct. La logique aurait voulu que l'on aboutisse à un duel de second tour entre LREM et le RN d'autant que le PS local présentait un dissident et que GRS faisait de même. Et bien, pas du tout. Julie Delpech, la macronienne virait en tête avec 24,75% devant la candidate NUPÉS Ghislaine Bonnet (22,97%). Celle-ci avait des réserves de voix puisque le total de gauche était de 33,95%. Elle a, néanmoins, été battue nettement (45,10% contre 54,90%) : elle a fait le plein à gauche et a grappillé une partie du vote RN mais la candidate macronienne a capté l'essentiel des voix de la droite LR et de l'extrême-droite (elle a multiplié par deux le nombre de voix du premier tour !). 

 

     Dans la 2ème, la socialiste, Marietta Karamanli avait conquis le siège en 2007, aux dépens de J.M. Geveaux. Ce député de droite a été élu de 1993 à 1997 et de 2002 à 2007 dans une circonscription très marquée à gauche depuis 1945 malgré ces deux intermèdes de droite. Depuis, elle l'a gardé contre vents et marées en faisant toujours plus au second tour que le total de la gauche au premier. En 2017, elle semblait menacée mais elle se hissait au second tour avec un léger retard sur le "marcheur" qu'elle battait nettement au sprint (elle gagnait environ 8 800 voix entre les deux tours alors que son adversaire en grapillait 1 200 faute de faire campagne). Cette année, elle aurait pu être éliminée car elle devait faire face à la violente hostilité de Stéphane Le Foll contre qui elle s'était présentée aux municipales du Mans, ce qui lui avait valu d'être exclue du PS mais pas du groupe parlementaire. Cette situation lui a valu d'être sacrée candidate NUPÉS lui épargnant une concurrence de LFI. Néanmoins, le PS local présentait une ancienne et éphémère sénatrice socialiste qui ne fera que 6,70%. Quant aux macroniens, ils ont eu l'idée saugrenue de présenter une parachutée de Loire-Atlantique espérant surfer sur les 27,4% de Macron aux présidentielles ; elle finira 3ème (18,79%) devancée par une candidate RN inconnue qui se qualifiera avec 20,94% des voix contre 36,53% à Karamanli. Le match était joué d'avance et la sortante le gagnera haut la main avec 63,06%. Elle réalise un exploit en étant en tête dans toutes les communes de la circonscription. 

 

     Dans la 3ème, l'élue LREM ne se représentait pas. Cette circonscription a connu des alternances de députés de droite et de gauche mais c'est terminé depuis 5 ans. Cette fois-ci, le RN pouvait espérer la victoire au vu du raz de marée d'extrême-droite aux présidentielles : au premier tour, Le Pen montait à 31,94% et le total d'extrême-droite frôlait les 42%. Au second tour des présidentielles, Le Pen était juste devant Macron. Sans surprise, on avait un duel LREM - RN au second tour des législatives avec un léger avantage à ce dernier qui menait avec 500 voix d'avance. Le candidat macronien redressait la situation en gagnant avec 700 voix d'avance. En effet, si le lepéniste a fait le plein des voix d'extrême-droite et de droite, les "marcheurs" ont pu compter sur près des 3/4 des voix de gauche du premier tour. Petite remarque : si les électeurs macroniens avaient fait de même dans l'autre sens (en faveur de la candidate NUPÉS) dans la 4ème, Élise Leboucher aurait été élue haut la main. Autre élément : le candidat LREM, Éric Martineau, est un élu local de même que son suppléant et ils sont de tendance centre-gauche (au sens propre).

 

     Dans la 5ème, le match a pu être serré dans le passé mais, en général, c'était le droite qui passait. En 2017, le candidat LR, Jean-Carles Grelier, alors maire de La Ferté Bernard, l'avait emporté face à un novice LREM qui le distançait à l'issue du premier tour. Il avait mis le turbo entre les deux tours alors que son adversaire croyait qu'il avait l'affaire en main. Pendant 5 ans, le député de la droite est allé au charbon mais il a dû penser qu'il serait plombé par le score calamiteux de Pécresse. Toujours est-il qu'il a adopté une stratégie subtile : être macronien sans le dire. Sur sa profession de foi, pas une seule fois le nom de Macron mais l'emploi du mot "Ensemble" au détour du titre et la couleur bleue de la droite. Il n'avait pas d'adversaire LREM et, en plus, il avait obtenu le soutien des ténors de la droite départementale et régionale ce qui n'a pas empêché la candidature d'un militant LR pour le principe. Il partait gagnant et la seule question était de savoir qui serait l'autre duelliste. La NUPÉS aurait dû en être mais le PS a présenté un candidat qui, en dépassant 9%, a empêché LFI d'être au second tour. Grelier a donc affronté une parachutée du RN qui a réalisé l'exploit de  dépasser de 3 000 voix le total de l'extrême-droite du premier tour. Le LR "orthodoxe" ayant obtenu 1619 voix, l'animaliste 488, le divers droite 263 et le divers gauche 292, on constate que même si tous ont voté RN (ce qui n'est absolument pas sûr), il faut encore expliquer plus de 300 voix. Surcroît de mobilisation ? Vote d'électeurs de gauche ? Quant à Grelier, c'est plus simple : il récupère près des 2/3 des voix de gauche du premier tour. 

 

     Conclusions rapides avant un dernier article : 

          - Le RN ne fait pas du tout peur aux électeurs de droite et du centre : il est complètement "dédiabolisé". Les électeurs LR votent pour lui dans leur immense majorité quand ils sont absents du second tour et, en plus, le RN obtient les suffrages des électeurs des candidats "divers" du premier tour voire une fraction minime (5%) d'électeurs de gauche si celle-ci est absente du second tour. 

          - L'alliance de gauche a permis la qualification de 3 candidates mais la présence de socialistes présentés par la fédération sarthoise a empêché le "grand chelem". Néanmoins, le report des voix a été correct (plus de 80% des électeurs des dissidents) mais moins qu'à l'extrême-droite où il a été quasiment parfait. Quant aux électeurs macroniens, ils ont été peu nombreux à faire jouer le "Front Républicain". 

          - L'alliance macronienne s'en sort bien car elle a été très fortement aidée par des adversaires éliminés. Dans la 1ère, la droite a voté massivement pour elle pour contrer la gauche ; dans la 3ème et la 5ème, la gauche s'est mobilisée fortement pour bloquer le RN. 

          - Quant aux "divers" (animalistes, divers droite, divers), ils penchent très nettement à droite au second tour. 

          - Enfin, le travail sérieux d'un élu sortant paie alors que les parachutages ont des résultats contrastés : négatifs pour LREM mais pas du tout pour le RN. 

 

     A suivre...

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23 juin 2022 4 23 /06 /juin /2022 09:40
Législatives 2022 dans la 4ème circonscription

     Du début à la fin de la campagne, ce fut un scénario totalement inédit avec un dénouement à la Hitchcock. Je dois avouer que je m'étais un peu trompé dans mes prévisions mais elles avaient été esquissées il y a 7 mois déjà quand je faisais l'historique de cette circonscription et que j'évaluais les forces en présence. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de la Sarthe et de la Seine (https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/2021/11/la-quatrieme-circonscription-de-la-sarthe-2.html). On regardera, avec intérêt, les résultats de 2012 (victoire de Hollande et de le Foll)  et la comparaison avec 2007 (victoire de Sarkozy et de Fillon) : https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-quel-vainqueur-dans-la-4eme-circonscription-de-la-sarthe-2-106252413.html et https://gerard-fretelliere.over-blog.com/article-premier-tour-dans-la-4eme-de-la-sarthe-106905786.html. Par contre, je ne retrouve pas d'article écrit après les élections législatives de 2017 ce qui n'est pas gênant car j'ai les résultats par un autre biais. 

 

     La première surprise, à l'issue du premier tour de 2022 fut la non qualification du candidat macronien (Joachim Le Floch-Imad). Il l'a avoué sans fard : il pensait tellement qu'il serait présent au second tour qu'il avait déjà imprimé les tracts pour le 19 juin (et il semble qu'il en a même fait distribuer quelques-uns). Effectivement, le score de Macron au premier tour de la Présidentielle était prometteur (16 341 voix et 27,80%). Comment expliquer cet échec ? Il y a, tout d'abord, eu une erreur dans le choix de parachuter un candidat : en période de "hautes eaux" électorales comme en 2017, cela n'aurait pas eu d'incidence négative mais le macronisme subissant un reflux, il aurait été plus judicieux de choisir des "notables" et il n'en manquait pas dans les partisans de Macron de la circonscription ; de préférence en choisissant un candidat "rural" et une suppléante du Mans. Par ailleurs, j'ai été surpris de ne pas recevoir de tract dans ma boîte à lettres et celui que j'ai récupéré au marché était distribué par des inconnus. Et, surtout, la candidature a été plombée par la stratégie d'évitement de Macron et le choix calamiteux d'une technocrate comme Première Ministre. Ceci dit, son résultat n'est pas déshonorant : 19,09% à moins de 800 voix de la qualification.

 

     La seconde fut la qualification de la candidate d'union de la gauche et la défaite de la sortante socialiste malgré une bonne campagne. Il y a 6 mois, je ne pariais pas un centime sur sa réélection mais l'accord national entre LFL, EELV, le PCF, Générations et le PS lui laissait le champ libre voire le soutien des militants des partis constitutifs de la NUPÉS. Le Foll a pesé pour que le PS local refuse cet accord et a entraîné Tolmont dans le choix de la dissidence ce qui a entraîné, en réaction, et à la dernière minute, la candidature d'une militante proche de LFI (suppléante d'une conseillère départementale EE-LV) et d'une écologiste : Élise Leboucher qui a finalement facilement gagné cette "primaire" à gauche (21,87% contre 15,47) grâce à l'effet d'entraînement de Mélenchon et, aussi (et surtout ?) à la volonté d'unité des sympathisants de gauche. 

     En 2017, LREM avait fait un cadeau à Le Foll, le candidat socialiste d'alors (devenu, ensuite, maire du Mans) en ne présentant pas de candidat contre lui. Ce n'était donc pas le cas cette année et, logiquement, on constate un  recul des voix de gauche. C'est très net en pourcentage : 38,58% contre 50,51% en 2017 et en ce qui concerne les voix : le total des candidats de gauche (NUPÉS + PS + LO) est de 13 864 voix en 2022 (respectivement : 7 878 ; 5 574 et 412) contre 18 254 avec 5 candidats en 2017 (dont 10 954 à Le Foll pour le PS et un total de 6960 pour les candidatures séparées LFI, EE-LV et PCF ; LO n'ayant que 340 voix). Bref : - 4 390 voix à gauche. Il est vrai que , le total des candidats de gauche à la présidentielle était très décevant : 28,97% et 17 028 voix. On a quand même une augmentation du pourcentage par rapport à la Présidentielle à l'inverse du candidat macronien et de celui du RN (et de l'extrême-droite). Ce qui montre que la gauche a su mobiliser des électeurs qui avaient déserté pour Macron aux présidentielles. 

 

     La troisième surprise fut la 5ème place d'un des deux finalistes de 2017, Emmanuel Franco de L.R. Cela montre le recul de l'influence de la droite "classique" coincée entre la nouvelle droite macronienne et l'extrême-droite. En 2017, il obtenait 10 005 voix (22,15%) malgré plusieurs candidatures de droite concurrentes dont celle du maire de La Suze (un peu plus de 5%) ; 5 ans après il n'en n'a plus que 4 261 (11,83%). Il est vrai qu'en 2017, malgré l'affaire Fillons-Joulaud, la droite avait encore de beaux restes et bénéficiait, à la fois de l'absence de candidat LREM et du recul du RN après les présidentielles. 

 

     Par contre, pas de surprise avec la qualification du candidat du R.N. Le Pen était en tête au premier tour de la Présidentielle de 2022 dans la circonscription avec 16 469 voix (28,02%). Le candidat de Malherbe ne retrouve que 7 672 voix (21,30%) ; il perd plus de la moitié de son électorat et baisse en points de pourcentage ; sans doute au profit de Franco. Les deux autres candidats d'extrême droite reculent dans les mêmes proportions ce qui fait que le total d'extrême-droite qui était très élevé aux présidentielles (35,34% avec plus de 20 000 voix) baisse très nettement : perte de plus de la moitié de l'électorat et baisse de près de 10 points en pourcentage avec 25,98% donc très nettement derrière le total de gauche. Néanmoins, la dégringolade est moindre qu'en 2017 quand la candidate aux législatives du R.N. n'avait obtenu que 12,96% et que le reste de l'extrême-droite était dans les choux. 

     Une remarque s'impose à ce stade : les électorats de droite et d'extrême-droite ne sont pas étanches. Aux présidentielles, un grand nombre d'électeurs L.R. a voté Le Pen ou Zemmour ; et, inversement (mais dans une moindre proportion) au premier tour des législatives puis ont effectué un voyage encore inverse, vers le candidat RN au second tour. La "digue" est totalement rompue. 

 

     Le second tour était donc totalement inédit.

 

      La candidate NUPÉS virait en tête avec une courte avance (206 voix). Ce qui était un exploit comme on l'a vu antérieurement. Elle devait pouvoir compter sur les réserves de la candidate PS alors que les réserves du candidat RN à l'extrême-droite étaient plus minces. Situation dangereuse dite "syndrome Luby" : il y a quelques décennies, ce maire communiste d'Allonnes virait en tête aux cantonales et pouvait escompter sur un potentiel de gauche de plus de 57% ; tout le monde étant convaincu que ce serait une partie de plaisir au second tour, l'électorat s'est démobilisé et Luby fut vaincu. Élise Leboucher obtient 14 891 voix le 19 juin soit quasiment 7 000 voix de plus qu'au premier tour mais à peine plus de 1 000 voix supplémentaires par rapport au total de la gauche : les électeurs macroniens n'ont pratiqué le "front républicain" que de façon minoritaire ; comme des électeurs de Tolmont ont refusé de choisir la gauche, on peut estimer que de 80 à 85% des électeurs de Le Floch-Imad ont voté blanc ou nul ou se sont abstenus. 

 

     Inversement, le candidat RN a connu un bond entre les deux tours. Il gagne plus de voix que sa concurrente car, non seulement, il fait quasiment le plein à l'extrême-droite (le cas de Chevillé dont l'ancien maire est passé chez Zemmour mais où la gauche est en tête le 19 juin, pose question) mais récupère bien au-delà. Le total des voix de l'extrême-droite était de 9 357 ; il passe à 14 803. Il gagne donc 5 446 voix par rapport à ce "matelas". Comme Franco avait 4 261 voix qui ne sont sans doute pas tous reportés sur de Malherbe, on peut penser qu'il a récupéré une part considérable du candidat divers, Barbet (1 232 voix) voire des voix obtenues par le candidat animaliste (430 voix) et de nouveaux électeurs et, sans doute (horresco referens) de macroniens. En tout cas, il a fait le plein de toutes les voix de droite sans exception. Cette "dédiabolisation" du lepénisme est totalement inédite. 

 

     La répartition géographique des suffrages est particulièrement éclairante (voir la carte). Le RN écrase la concurrence dans toute la partie ouest de la circonscription (anciens cantons de Sablé, Loué, Brûlon et Malicorne) qui ont une forte tradition de droite. Il existe très peu d'exceptions surtout situées dans le nord-ouest et à Asnières, commune résolument à gauche. Et ceci, même si, le ou la maire est de gauche et a fait campagne pour la gauche (je pense à Arthezé tout particulièrement). Inversement, les anciens cantons de La Suze, Allonnes et la partie mancelle de la circonscription ont voté à gauche (exception : Étival dont le maire est Franco). Ce qui a sauvé la gauche, c'est Le Mans avec plus de 68%. Le fait que la candidate y soit assez bien connue explique en partie ce succès mais il faut, également, prendre en compte le fait que la mobilisation y est plus facile. 

 

     A suivre...

 

 

 

 

     

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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