Il y a quelques jours, je trouve la brève suivante sur le portail d'Orange :
Plusieurs dizaines d'instituteurs1 débutants ou contractuels de Seine-Saint-Denis n'ont toujours pas reçu leur premier salaire, un mois et demi après la rentrée scolaire, dans un département défavorisé qui peine à susciter les vocations, a-t-on appris jeudi auprès de plusieurs syndicats. A la veille des vacances de la Toussaint, le SNUIPP 93 et l'UNSA éducation ont recensé "plusieurs dizaines" de professeurs dans cette situation, la CGT Educ'action en a répertorié au "moins 50", tandis que Sud Education évoque jusqu'à 300 enseignants stagiaires et contractuels concernés. Contacté par l'AFP, le rectorat de Créteil n'était pas en mesure de commenter ces chiffres dans l'immédiat..
Ce n'est malheureusement pas nouveau. Je me rappelle avoir fait une journée de grève et de délégations il y a une quarantaine d'années, dans l'établissement où j'exerçais, dans le Val d'Oise, parce que des collègues non titulaires et des professeurs récemment mutés n'étaient pas payés fin octobre. On n'arrête pas le progrès ! Ceci étant, on avait obtenu satisfaction quasi immédiatement..
Explications fournies par les syndicats : certains ont rendu des dossiers incomplets mais la cause essentielle est que le département ne peut compter que sur 5 personnes pour gérer 1 500 dossiers. Le "dégraissage" de la Fonction Publique montre ainsi ses conséquences.
Les autres ont de la chance : ils ont été payés. Attention : ils ne touchent pas le salaire d'un cadre de la banque ayant les mêmes diplômes (au mojns bac+5). Les contractuels sont payés au SMIC ; les stagiaires touchent royalement un peu moins de 1 700 euros NETS en région parisienne2. S'ajoutent éventuellement une prime pour l'exercice dans un établissement "difficile" dit REP mais ce n'est pas le Pérou.
Et il faut avoir la foi ou être au chômage pour aller enseigner dans ce département comme l'explique l'article :
"Les gens ne veulent pas venir travailler dans ce département. Et les nouveaux qui arrivent, on les accueille très mal", ajoute la syndicaliste, selon laquelle seuls 580 enseignants stagiaires sur les 630 affectés au département ont effectivement commencé à travailler en Seine-Saint-Denis, le reste s'étant découragé ou ayant trouvé du travail ailleurs.
Par contre, il y a un commentaire prêté à un responsable de Sud Éducation qui me met en rogne. Le début est un gros élément d'explication mais le reste est faux (je surligne ce qui suscite mon mécontentement) :
....."dans un département qui connaît un turn-over extrêmement important et a recours à des centaines de contractuels pour assurer les cours faute de candidats"
NON : on ne manque pas de candidats dans l'académie de Créteil dont dépend la Seine-Saint Denis. Il y a TOUJOURS plus d'un candidat pour un poste.
Mais les membres du jury et l'administration font du zèle. Et plutôt 4 fois qu'une.(cf. mon article Devenez professeur de mathématiques ! )
* Primo : ils ne constituent pas de liste complémentaire qui pourrait servir de vivier pour appeler comme stagiaires les candidats ayant échoué de peu.
* Secundo : tous les postes mis au concours ne sont pas pourvus.
* Tertio : en 2013 (et pas seulement), plusieurs dizaines de candidats ayant dépassé la note minimum pour être reçus (parfois,c'était le double du dernier reçu !) ont été éliminés à cause d'un zéro totalement injustifié à l'oral.
* Quatrio : aussitôt les résultats connus, les recalés (pour cause d'incompétence supposée) ont reçu (au moins en 2013) une lettre leur proposant d'enseigner quand même mais comme contractuel donc non titulaire, donc "jetable" et rétribué au SMIC.
Il y aurait une solution pour résoudre le problème et recruter des enseignants "de qualité" : supprimer la régionalisation du concours. Il suffirait de mettre en place un concours national et d'affecter, ensuite, les reçus en fonction de l'ordre des voeux. En effet, actuellement, il y a souvent pléthore de candidats dans les académies qui recrutent peu ou moyennement et inversement. En modifiant le mode de recrutement, on rétablirait l'équilibre et la "qualité" du recrutement augmenterait.
Si l'avenir d'un pays se prépare grâce à la qualité de son système scolaire, on est mal partis
Post Scriptum "Le Monde" daté du 21 octobre publie un article à ce sujet d'où il ressort que le recours aux contractuels se généralise. Ils sont 250 actuellement en Seine Saint Denis et ce n'est pas suffisant. Comme il faut faire face, on recrute même des jeunes n'ayant que le BTS (Bac +2) au lieu du Bac +5 exigé pour les candidats que l'on a recalés (et qui souvent étaient expérimentés) Quel gâchis et quelle responsabilité des jurys ! Évidemment, les contractuels payés au lance pierre jouent les bouche trous et sont directement "jetés dans la fosse aux lions".
J'ai déjà publié 3 articles sur le sujet : 11/05/2014 ; 12/12/213 ; 02/11/2011. J'invite ceux qui sont en désaccord avec mes analyses à en débattre avec moi.
1 Le journaliste ne sait pas que depuis 25 ans on dit "professeur des écoles".
2 D'année en année, depuis la fin du règne Sarkozy, le salaire des enseignants BAISSE.