Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 17:03

     Tout est censé être "durable" dans ce bas monde.

     Si les mots avaient encore un sens, le terme signifierait "qui dure longtemps". Aujourd'hui, c'est moins sûr.

    On connaissait les relations "durables" (ça voulait dire - autrefois - qu'on allait se marier et que l'on espérait qu'on ne divorcerait pas ; maintenant la durée de l'engagement est souvent nettement plus réduite). Il y a eu, ensuite, le "développement durable" (traduction de "sustainable developpement") dont j'ai appris - à l'occasion d'une conférence donnée, à Sablé, il y a une dizaine d'années, par un brillant expert dont j'ai oublié le nom - que ce concept englobait tout ce que l'on voulait ou presque. J'ai, plus tard, en arrivant à La Flèche, découvert le concept de "ville durable" (elle ne disparaîtra pas dans 10 ans ???), formule du plus pur style technocratique.

     Maintenant, je sais ce qu'est l'emploi "durable". Ce n'est pas un emploi que l'on conserve toute sa vie. Ringard mon brave Monsieur ! Non, la "durabilité" est limitée car un "emploi durable" est un emploi qui dépasse 6 mois ! De qui se moque-t-on ?

     Il est vrai que le "plein emploi" semble désormais atteint quand le taux de chômage en catégorie A tourne autour de 5%.

     Orwell est dépassé : la "novlangue" envahit tout.

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 11:07

     J'en ai ras le bol d'entendre des gens autour de moi - et même des militants qui se disent "de gauche" - critiquer leur voisin "qui ne travaille pas, qui ne cherche pas du travail mais qui touche des allocations, souvent frauduleusement...". Sans parler des mails qui colportent des "informations" dont on ne connaît pas l'origine et qui dénoncent les "assistés". Le discours de Sarkozy (1) et de ses sous fifres sur l'assistanat ou la fraude, relayé par les médias de droite et la télé, s'infiltre dans les têtes comme un poison.

     Au lieu de rechercher les vrais responsables du chômage ou du déficit de la Sécurité Sociale, on se laisse intoxiquer par l'idée que le voisin est un fainéant voire un voleur. Et je ne parle même pas de ces "fonctionnaires privilégiés" ou de ces "syndicalistes qui font toujours grève" pour reprendre quelques uns des poncifs du discours réactionnaire. 

     On a remplacé la solidarité par la lutte de tous contre tous. Mais à ce jeu, tout le monde est perdant sauf ceux qui s'en mettent plein les poches et qui - comme par hasard - sont des amis de Sarkozy. Ceux qu'il a invité au Fouquet's, ceux qui lui ont prêté leur villa ou leur yacht pour ses vacances.

 

     Mais qui sont les "assistés" ?

 

     Croire et faire croire que la France est un pays d'assistés c'est un mensonge pur et simple. Qu'il soit répété mille fois ne fait pas qu'il se transforme par miracle en vérité.

 

     On oublie souvent qu'il y a des millions de personnes qui gagnent de l'argent sans avoir à travailler pour cela :

 

          - Les retraités. Leurs revenus sont fonction de leurs cotisations passées ou de celles de leur conjoint. 

        - Les chômeurs touchant l'ARE. Là aussi, leurs revenus dépendent de leurs cotisations passées mais, également, de la durée de leur chômage.

          - Les salariés en arrêt maladie. Mais la bande à Sarkozy veut les faire passer pour des tire au flanc.

 

     Dans ces 3 exemples, l'argent reçu provient d'une sorte d'épargne assurantielle obligatoire ; on parle de prestations contributives

 

          - Les pères et mères de famille. Ils touchent des allocations familiales en fonction du nombre d'enfants et de leur âge.

          - Les femmes enceintes. Elles ont droit à un congé de maternité de 4 mois voire 6 mois.

          - Les collégiens, lycéens et étudiants qui touchent une bourse. Pour favoriser l'éducation pour tous 


     Dans ces trois exemples, l'argent perçu découle de choix politiques  : en faveur de la fécondité, de la santé du nouveau né et de sa mère, de l'éducation des plus pauvres.


          - Les actionnaires et - en général - tous ceux qui ont "placé" leurs économies. Les plus riches y gagnent nettement plus que le RSA à tel point que certains rentiers vivent dans l'opulence et l'oisiveté. Mme Bettencourt en est l'illustration quasi caricaturale.

 

    Ainsi, avec un bon capital on peut se dispenser d'avoir à travailler pour gagner des sommes souvent importantes. Selon, la formule de Mitterrand, ils "font fortune en dormant" ou, mieux encore ils "se sont seulement contentés de naître" avec une cuillère en argent.

     Mais si on laisse de côté les riches héritiers, on constate que le capital accumulé pour être ainsi placé provient  généralement de salaires mirobolants qui ne correspondent en rien à une "qualification" extraordinaire. Certains millionnaires pourraient gagner un SMIC ou deux de moins par mois qu'ils ne s'en apercevraient pas. Et ces profiteurs ne peuvent pas se plaindre de leur sort : spectaculaire augmentation des revenus salariaux, baisse des impôts, augmentation des revenus financiers d'autant que le capital est moins imposé que le travail.

 

 

     La vérité sur les aides sociales.

 

   On ne peut donc parler d'aides que lorsque l'on sort des situations évoquées plus haut. Le choix a été fait de considérer que l'on ne pouvait pas laisser des habitants de la France sans toit ou sans repas sous prétexte qu'ils ne travaillent pas ou que leurs ressources sont insuffisantes pour faire face à leurs besoins élémentaires et à ceux de leur famille. C'est ce que l'on appelle la solidarité nationale.

     Il faut remarquer , d'ailleurs, que cette solidarité semble insuffisante quand on sait le rôle des associations dites "humanitaires" qui, en s'appuyant sur la générosité des particuliers et des entreprises, aident les plus démunis. Certains parleront du devoir de charité mais cette exigence doit se doubler d'une exigence de justice sociale.

     Pour définir les aides de la collectivité nationale en faveur des plus pauvres, on parle souvent de "minima sociaux". Merveilleuse expression car l'aide est souvent, effectivement, fort minime. Un seul exemple : le RSA dit "socle" est de 466 euros. Les autres allocations en faveur des chômeurs ayant épuisé leurs droits ou attendant la retraite (qui s'éloigne de plus en plus) sont également, le plus souvent, faibles. Et ne pas oublier que - dans la plupart des cas - l'aide dépend des ressources du ménage (revenus du conjoint mais - également - patrimoine dans le cas du RSA). Bref : les conditions sont fort strictes. Un exemple : l'ASS que peuvent demander les chômeurs ayant épuisé leurs droits est calculée en fonction des revenus du couple ; le plafond étant autour de 1700 €, si l'un des deux gagne autour de 1500€ (ce qui ne représente que un tiers de plus que le SMIC), l'autre n'aura que 200 € à peine. Et l'on parle d'assistanat !!!

     Niveau tout aussi modeste pour l'aide aux personnes âgées qui n'ont pas de retraite ou une retraite minime. Etc...

    Si on ne retrouve pas de travail, on ne peut que continuer à vivoter. Dans ces conditions, ceux qui refusent de travailler alors qu'ils le peuvent sont rares et stupides.

 

     Et les abus ?

 

     Il y en a ; c'est évident et personne ne le nie. De même qu'il y a des voyous qui font fortune - souvent temporairement - grâce à divers trafics. Mais c'est une infime minorité.

    Les cas les plus fréquents d'abus sont le fait de se déclarer famille mono-parentale alors que l'on vit en couple ou de travailler au noir. En général, ça ne dure qu'un temps et les sommes indûment perçues sont sans commune mesure avec les diverses fraudes et escroqueries que peuvent se permettre les "délinquants en col blanc".La famille Bettencourt en donne encore un bon exemple : évasion fiscale, salaires faramineux pour un travail quasi inexistant....

     Tout aussi scandaleux, le cas de ces PDG, journalistes en vogue ou amuseurs publics qui continuent à occuper des postes fort lucratifs alors qu'ils ont largement dépassé l'âge de la retraite. Ce qui s'appelle voler le travail aux jeunes.

     Plutôt que de multiplier les mesures répressives et les déclarations tonitruantes, il suffirait d'améliorer les contrôles mais on ne peut pas - à la fois - prôner le moins d'Etat et se plaindre de l'affaiblissement de celui-ci.

     Il ne faut pas oublier, par ailleurs, qu'il est facile de traiter de fainéant le voisin qui n'a qu'un temps partiel et des horaires si atypiques qu'on croit qu'il se tourne les pouces alors qu'il gagne sa vie à la sueur de son front.

 

     Alors que les écarts de richesses s'accroissent scandaleusement, il faudrait peut être se concentrer sur l'essentiel :  que chacun puisse vivre dignement.

 

  (1) Sarkozy avait annoncé la couleur en 2007. Citation de sa "profession de foi" pour le second tour : "La France ne peut pas continuer à en faire toujours plus pour ceux qui fraudent, abusent, ne veulent pas travailler et toujours moins pour ceux qui travaillent, font des efforts, respectent les principes essentiels d'une vie en société..." Rien contre ceux qui spéculent !

 

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 18:31

     Il est rare que des représentants d'une profession soient désignés - du moins dans la presse - par un diminutif. C'est pourtant le cas des professeurs. Faut il y voir une marque de mépris ?

 

     L'autre jour, le fameux "quotidien de référence du soir" se gaussait de la proposition faite par François Hollande de créer 60 000 postes de "profs" pendant le quinquennat. Avec deux arguments massue :

 

          1° On n'aura pas l'argent ! On en a bien pour alléger la TVA des restaurants ou pour aller guerroyer aux quatre coins du monde mais pas pour l'éducation. Et pourtant, d'après "Le Monde", ça ne coûterait que 360 millions par an. Faut il rappeler que l'endettement n'est pas principalement lié à un excès de dépenses mais à un déficit volontaire de recettes : ce sont  tous les allègements fiscaux décidés depuis des années. Un syndicat a calculé que si les impôts représentaient le même pourcentage du PIB qu'en 1982, les recettes seraient de 142 Millliards de plus.

 

          2° On ne trouverait pas les professeurs. C'est la nouvelle rengaine basée sur le fait que les candidatures au concours ont tendance à baisser. La citation exacte est la suivante : "En 2011, 20% des 4 880 places offertes au CAPES externe n'ont pas été pourvues faute de candidats au niveau En mathématiques 40% des postes sont restés vacants. Dans les matières littéraires, la situation est à peine moins mauvaise. Si le recrutement de 13 000 professeurs pose problème, qu'en sera-t-il lorsqu'il faudra remplacer les 19 000 départs en retraite - avec le PS, fini, en effet le non remplacement d'un départ sur deux ! - et y ajouter les 12 000 "postes Hollande"

     C'est un sophisme qui - malheureusement - est repris par quelques syndicalistes.

 

          - Première remarque : qu'est ce qu'un candidat "au niveau" ? 

 

Si l'on part de l'idée que plus le niveau d'études s'élève, plus le niveau des candidats s'élève (ce qui est un peu discutable mais pas totalement faux), alors, le niveau des candidats s'est élevé car il faut désormais bac +5 pour se présenter aux concours de recrutement et non plus bac +3 (2011 était une année transitoire où on pouvait encore avoir bac +4)

Par ailleurs, il est évident que le concours est fort aléatoire - surtout dans les matières littéraires au sens large (un exemple précis : la même prestation notée 8 une année et 20 la seconde année)  - mais plus il y a de postes au concours, plus les bons élèves ont de chance d'avoir le concours. Et les candidats moyens ont également plus de chance. Un candidat reçu aux dernières places dans les années 70 n'aurait strictement aucune chance aujourd'hui. Et dire que pendant 40 ans, on a laissé sévir des enseignants "pas au niveau".

Car le fait majeur à bien avoir en tête est que le nombre de postes a diminué de façon draconienne par tous les moyens possibles et imaginables : suppression de fait de l'année de formation, non remplacement des enseignants absents, augmentation du nombre moyen d'élèves par classe, suppression des temps partiels sauf exceptions...

Un ex collègue m'a rétorqué que plus le rapport entre le nombre de candidats et le nombre de postes était faible (ex : 2 candidats pour un poste au lieu de 10 pour 1) plus le niveau était faible. Il paraît que c'est scientifiquement prouvé. Je demande à voir ! Est ce à dire que quand il y a très peu de places à pourvoir, seuls les "nuls" se présentent ?

 

          - Seconde remarque : pourquoi y-a-t-il une baisse des candidats aux concours ?

 

Il y a une première raison : si les chances de réussite sont si aléatoires, beaucoup se demandent si le jeu en vaut la chandelle.

S'ajoute un élément conjoncturel : les étudiants munis de la licence pouvaient se présenter avant la "mastérisation" ; comme il sera désormais nécessaire d'avoir le master, ceux qui avaient arrêté leurs études ont été piégés. Et ça fait du monde !

Et, surtout, il faut savoir que les enseignants débutants sont payés au lance pierre. J'avais calculé, il y a 5 ans, qu'au rythme où évoluaient le SMIC et les salaires des fonctionnaires, les enseignants débutants seraient au SMIC en 2020. Depuis, le SMIC a été moins revalorisé qu'avant et le gouvernement a augmenté le salaire de début de carrière du fait du recrutement à bac +5 mais la tendance est là. Les enseignants débutants sont parmi les plus mal payés d'Europe (par contre, du fait d'une progression aberrante, les fins de carrière ont un niveau de revenu comparable à ceux de leurs collègues européens). Il  faut ajouter que les primes sont inexistantes en primaire et faibles en secondaire (sans commune mesure avec celles d'autres fonctionnaires). Il faut avoir la vocation pour être enseignant !

Quand on a un bon niveau scientifique, il faut être singulièrement masochiste pour se présenter aux concours alors qu'on peut gagner dès le départ une fois et demi plus en exerçant un autre métier. Le raisonnement est un peu différent pour les professeurs des écoles et les professeurs du second degré non scientifiques qui ont souvent moins de choix.

Si on ajoute au tableau la dégradation des conditions de travail et de formation qui transforme souvent les premières années en cauchemar, on comprend mieux qu'il y ait une crise des vocations.

 

          - Et le plus scandaleux pour finir :

 

Vous avez lu la citation : alors même que le nombre de postes se réduisait comme peau de chagrin, des membres de jury ont osé décider - ce n'est pas nouveau mais ça semble s'aggraver - de ne pas pourvoir tous les postes disponibles. Et ce n'est pas une paille  : près de 1 000  candidats ont été spoliés. Il faut savoir, par ailleurs, qu'il n'existe plus de liste complémentaire et que si un candidat réussit 2 concours en même temps, c'est un poste de perdu pour les autres.

Le gouvernement devrait tisser des lauriers à ces ..... (je ne trouve pas le mot et je risquerais d'être trop dur) qui font du zèle. Mais, au fait, avaient ils le "niveau" quand ils ont obtenu le concours ?

Tous les syndicalistes devraient se retrouver sur un mot d'ordre simple : "Tous les postes au concours doivent être pourvus".

Certains pourront se dire : si 1 000 postes ne sont pas pourvus, des dizaines de milliers  enfants n'auront pas d'enseignants. C'est confondre poste de fonctionnaire et enseignants. Car si il manque 1 000 titulaires, on embauchera 1 000 non titulaires payés encore plus mal et que l'on peut jeter comme des kleenex (les gouvernements de droite successifs n'ont eu de cesse que de liquider toutes les maigres avancées obtenues par les luttes des non titulaires au cours des années 70). Et c'est là que la rengaine de la "baisse du niveau" confine au génie : en effet, ceux qui sont embauchés comme non titulaires sont souvent ceux qui ont été recalés car "pas au niveau"  et avec un mode de recrutement qui se préoccupe rarement du niveau réel et de l'expérience des précaires embauchés.

 

     Nul doute que si un gouvernement décidait, à la fois, de recréer des postes d'enseignants et d'améliorer la condition des professeurs, il n'aurait aucun mal à trouver des candidats sérieux et motivés. Encore faut il ne pas se laisser abuser par le discours en vogue de dénigrement systématique du service public et des fonctionnaires.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
  • Contact

Recherche