Voulant savoir quels arguments Madame Tolmont, la députée de la 4ème circonscription de la Sarthe (celle dans laquelle je réside), donnait en faveur de la réforme constitutionnelle, je suis allé sur son blog et sa page facebook. Cette dernière ne fait que recopier ce que d'autres écrivent (surtout Cambadélis).
Je suis quand même tombé sur un entretien radiophonique avec France Bleue Maine. Rien sur le fond. On n'est pas plus avancé !
Mais le journaliste qui l'interroge signale que la dite députée a cosigné une tribune dans le Journal du Dimanche avec 13 autres parlementaires socialistes qui curieusement n'est pas signalée sur le blog de Sylvie Tolmont. Je suis donc allé sur le site. On trouve ce texte nommé "Osons la nation au delà des clivages"
Analyse de texte :
"La réforme constitutionnelle annoncée par le Président de la République lors de son discours devant le Congrès le 16 novembre dernier, et présentée devant le Conseil des ministres le 23 décembre suscite débats, polémiques, voire invectives, notamment concernant la question de la déchéance de nationalité. La constitutionnalisation de l’état d’urgence est occultée, négligée, pourtant ces deux questions font partie d’un tout.
Madame Tolmont (et ses amis) ne doit pas lire mon blog car elle y aurait lu le texte d'Henri Leclerc (http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2015/12/crimes-et-libertes.html) , la pétition signée par la Ligue des Droits de l'Homme et un grand nombre d'associations (http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2015/12/appel-unitaire-sortir-de-l-etat-d-urgence.html ainsi que ma référence aux analyses de Giorgio Agamben (http://gerard.fretelliere.over-blog.)com/2015/12/vers-un-etat-de-securite.html). Et d'autres articles encore.
On se demande même si elle était présente lorsque son collègue député Noël Mamère s'est opposé à l'état d'urgence : en tout cas, j'ai également publié son intervention (http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2015/11/intervention-de-noel-mamere-a-l-assemblee-le-19-novembre.html)
Le spectacle de la classe politique aujourd’hui nous appelle à réagir, il est peu réjouissant tant il est enfermé dans des postures surjouées ou surannées.
Passons sur ces basses polémiques et ce mépris du débat. Consternant !
Le Président de la République et le Premier Ministre ont pris leurs responsabilités. Par leur courage et leur cohérence, ils protègent la République. Gouverner un pays, protéger les valeurs d’une nation, c’est savoir dépasser les clivages quand l’intérêt général l’ordonne.
Le pouvoir exécutif a joué son rôle. C'est la moindre des choses. ce qui ne doit pas empêcher de critiquer les choix actuels et futurs.
L’extrême droite voudrait nous faire croire à sa victoire idéologique, et capitaliser pour plus tard.
Les faits sont têtus. Le projet de priver de sa nationalité les terroristes binationaux est bien un projet du F.N. Reprendre cette proposition est une faute. Le nier en est une autre. Je n'aurai pas la cruauté de rappeler les propos antérieurs des socialistes contre cette proposition.
Mais l’idée selon laquelle priver un terroriste de la nationalité française serait une idée d’extrême droite est une profonde méconnaissance de la conception française de la Nation! Elle repose sur l’adhésion à des valeurs, celles de la République. L’extrême droite ne défend que le droit du sang.
On demeure sans voix devant une telle ignorance de la loi et de la constitution. Primo : on confond volontairement nationalité et Nation. Et on ne sait pas comment on devient Français. NON : pour être Français, il ne faut pas adhérer à des valeurs républicaines ; sinon, un monarchiste serait exclu de fait et, donc, de droit. Pour être Français, ce qui compte c'est le lien avec ce pays : soit un de vos parents est Français ; soit vous êtes né en France de parents nés en France ; soit, né en France de parents étrangers, vous y avez résidé suffisamment longtemps avant votre majorité ; soit vous êtes suffisamment assimilé pour être naturalisé. JAMAIS on ne demande d'adhérer à des valeurs. Le serment envers le régime c'était pour les membres du clergé après 1789 ou pour les fonctionnaires sous Pétain. Dans les faits, l'immense majorité de ceux qui ont la nationalité française l'ont obtenue parce que leurs parents sont Français. On peut même être Français sans jamais mettre les pieds en France pendant toute sa vie !
La droite, quant à elle, est absente sur le fond. Ses dirigeants sont curieusement muets. Ils sont entrés dans le débat obnubilés, tergiversant sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence, avec des revirements, pour finalement l’accepter en créant une forme de chantage sur la déchéance. Elle croyait enfermer l’exécutif et le contraindre à un renoncement. Aujourd’hui, force est de constater qu’elle s’est trompée, et, pour ne pas perdre la face, déplace le débat sur la Garde des Sceaux, oubliant les enjeux.
On ne peut pas reprocher à l'opposition de s'opposer. Il est vrai que la politique de Hollande vise à occuper le plus de terrain possible à droite et que ça peut déconcerter ceux qui sont dans ce camp. Et on ne peut pas reprocher à la droite de constater qu'il y a des dissensions au sein du gouvernement et d'essayer d'en jouer.
Une partie de la gauche oublie que nous partageons les mêmes analyses sur le droit du sol, sur la naturalisation ; que nous partageons la même conception inclusive de la nation française ; que nous nous retrouvons autour des mêmes valeurs, l’ouverture, la tolérance, la fraternité.
On n'oublie pas mais on se demande si ce ne sont pas que des mots ! En tout cas, les actes contredisent le discours.
Le temps est venu de sortir du silence afin de soutenir le Président et défendre les principes de la patrie des droits de l’Homme. L’heure n’est pas à la politique politicienne, aux calculs, elle est au rassemblement. Il faut être digne et courageux.
Comme si ceux qui défendent la liberté ne sont pas "dignes et courageux".
La déchéance de nationalité, c’est un symbole fort, la République s’est aussi construite avec des symboles. C’est un message à ceux qui veulent prendre leurs armes contre leur propre pays, détruire nos valeurs, détruire la liberté, détruire les Droits de l’Homme. Il faut défendre cette possibilité, l’inscrire dans notre Constitution sans se laisser murer dans des émotions et des propos à géométrie variable basés sur des postures idéologiques, contraires à l’intérêt des Enfants de la République.
Le symbole c'est que l'on va dire à plus de 3 millions de Français qu'ils ne sont pas vraiment Français. Bravo ! L'autre symbole, c'est que l'on ne va pas se contenter d'une simple loi mais que l'on va graver dans le marbre cette discrimination. Changer la Constitution ne doit pas être une question de circonstance surtout si cette modification va à l'encontre des principes républicains dont se gargarisent les auteurs du texte. Et, en plus, est-ce que ça sert vraiment à lutter contre le terrorisme ? Bien sûr que non ! Quant au couplet contre ceux qui s'opposent au texte, c'est lamentable : on nous explique que les opposants ne savent pas réfléchir ou qu'ils sont sectaires ou qu'ils ne pensent pas à l'avenir de nos enfants (3 insultes en une phrase)
Nous faisons face aujourd’hui à un changement de paradigme, il faut être à la hauteur de cet enjeu et protéger nos acquis, nos valeurs.
Cette déchéance de nationalité existe dans la loi depuis longtemps, elle fut plusieurs fois mises en pratique, toujours sous le contrôle attentif du Conseil d’Etat.
Aujourd’hui, la déchéance de nationalité ne concerne que les binationaux nés à l’étranger, c’est ici qu’est la vraie rupture du principe d’égalité, elle doit pouvoir s’appliquer à tous les binationaux, y compris ceux nés en France. Nous voulons y remédier sans aller plus loin – car il est impossible de déchoir de sa nationalité un Français qui n’en a pas d’autre : des principes internationaux que la France a reconnus interdisent de rendre une personne apatride.
Si on laisse de côté le "paradigme" très tendance et le baratin sur les "valeurs", on a, enfin, une tentative d'explication. Mais je ne suis pas plus convaincu. car il y a une différence entre ceux qui ont été naturalisés (et qui ont donc dû montrer leur attachement - à tous les sens du mot - à la France) et ceux qui sont nés Français(e) parce que l'un de leurs parents l'était. Ou, alors, il faut supprimer la double nationalité pour TOUS !
Être français, c’est une chance et un honneur. Il les faut protéger et ne pas les dévaloriser. Les personnes concernées par la possibilité d’une déchéance de la nationalité française sont les auteurs de crimes terroristes, ils s’excluent eux mêmes, par leurs actes, de la République. Il ne faut pas inverser la question, la volonté de l’exécutif est de protéger le pays, ses valeurs, mais aussi, symboliquement, valoriser le fait d’être binational. Comment peut-on instrumentaliser les grands principes de la République pour protéger ceux qui veulent la détruire ?
Si on comprend bien, TOUS ceux qui ont commis un acte terroriste s'excluent de la République. Y compris Action Directe, le FLB, le FLNC, etc.. "Valoriser le fait d'être binational" disent-ils ! Bigre : la démonstration est audacieuse !
Aujourd’hui, nous défendons une position : celle du Président de la République et du Premier ministre. Un débat va avoir lieu, notamment parlementaire : il est légitime.
Mais le temps n’est pas aux tergiversations politiques. Il est à l’union autour des valeurs qui fondent notre pacte social et républicain.
Pour construire l’avenir de notre République, celle des Droits de l’Homme, dépassons les clivages."
Signataires : Hugues Fourage, Gérard Bapt, Frédéric Barbier, Daniel Boisserie, Alain Calmette, Christophe Castaner, Luc Carvounas, Carlos Da Silva, Françoise Dumas, Alain Fauré, David Habib.
On remarque que la liste ne comporte que 14 noms, dont un sénateur, sur des centaines de parlementaires socialistes. C'est dire combien ils sont minoritaires. Ce qui est réjouissant !