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13 juin 2000 2 13 /06 /juin /2000 10:29




     Et il y avait, aussi, 60 tracteurs qui ont bloqué  cette petite ville du Sud Ouest de la Sarthe pendant une bonne partie de l’après midi.


     Les manifestants seraient ils contre le progrès ? Quel sens donner à la participation active de l’élu Alternatif de la commune ? Commençons par un assez long historique du dossier qui concerne d’ailleurs tout l’Ouest.
    
Faut il construire des lignes nouvelles ?

     1989 : Mitterrand inaugure une nouvelle ligne T.G.V. le T.G.V. Atlantique.

 

     Cette ligne a la forme d’un Y allongé : Un tronc commun pendant plus de la moitié du parcours à partir de Paris puis 2 branches : l’une jusqu’à l’entrée de Tours; l’autre jusqu’à l’entrée du Mans. A noter que cette 2ème branche devait être plus longue et contourner Le Mans. La réaction de la municipalité mancelle (à l’époque : P.S., P.C., P.S.U.) a bloqué in extremis cette tentative alors que les terrains avaient été réservés.
     Cette nouvelle ligne T.G.V. permet de gagner 50 minutes sur le trajet Paris - Le Mans (réalisé, désormais, en 55 minutes).

     Des travaux connexes ont permis de gagner également du temps entre Le Mans et Angers (les T.G.V. font des pointes à 220 km/h sur des lignes normales).

     Par contre, le gain de temps entre Le Mans et Rennes est faible car il n’y a pas eu de travaux de modernisation sur une ligne pourtant vétuste. Cette ligne nouvelle a suscité peu d’oppositions. Cependant, dès la mise en service, en tant qu’élu et militant, je soulève quelques problèmes (cf. “Rouge et Vert” de l’époque) : la dégradation de la desserte des gares intermédiaires (comme Sablé), le surcoût entrainé par la réservation obligatoire (jusqu’à 120 F. entre Paris et Le Mans).


     La S.N.C.F. réfléchit rapidement sur le prolongement de la ligne à grande vitesse (L.G.V.).

 

     On est au début des années 90, tout le monde semble acquiescer et pas seulement à Nantes ou Rennes qui espèrent en profiter au maximum.

     Seules quelques voix discordantes posent la question de l’utilité de dépenser une bonne dizaine de milliards pour gagner une poignée de minutes entre Paris et Nantes et une demi heure sur le trajet Paris Rennes. Dès octobre 1994, j’interviens dans la presse puis au Conseil Municipal. Marc Gicquel, fait des remarques semblables au Conseil Régional au nom du groupe “Convergence des Progressistes et des Ecologistes” (1 AREV, 1 AEA, 2 MGP, 1 progressiste : le maire du Mans R. Jarry).

     A l’époque, François Fillon semble favorable. Il est maire de Sablé et président du Conseil Général de 92 à 98. Il deviendra président du Conseil Régional en 98. Son seul souci paraît être celui du meilleur tracé avec la possibilité d’une gare T.G.V. proche de la ville. Il faut attendre le début de l’année 97 pour qu’il change d’avis en plein Conseil Municipal.


     Début 97, la presse dévoile le projet.

 

     La nouvelle L.G.V. contournerait Le Mans par le nord puis, après un tronc commun de quelques dizaines de kms, une branche irait jusqu’à Rennes, en contournant Laval tandis que l’autre arriverait en amont d’Angers après avoir évité Sablé. Plusieurs “fuseaux” sont proposés pour chaque tronçon.

Mobilisation et échec provisoire

     Fin Avril 97, le dossier, lourd de plusieurs kilos et ayant la forme d’une “valise”, arrive dans les mairies, d’abord en Mayenne. Et c’est la levée de boucliers immédiate.

 

     L’épicentre de la contestation se situe à Ballée, à 13 kilomètres de Sablé. Une réunion regroupe plus de 200 personnes à la mi-mai.

     Des associations se créent dans presque toutes les communes situées sur les tracés éventuels, y compris à Sablé, à mon initiative.

     Il y a urgence car les collectivités locales n’ont que quelques semaines pour donner leur avis sur l’utilité publique du projet et sur les “fuseaux”. On est en pleine période électorale et François Fillon saute sur l’occasion pour proposer l’alternative du pendulaire (un T.G.V. qui peut emprunter les lignes difficiles car il “pendule” dans les courbes).


     Sans surprise, les conseils municipaux du Mans, Laval, Sablé s’opposent au contournement de leur ville et aux projets de L.G.V. 

     Fin Septembre, au contraire, les Conseils Régionaux de Bretagne et des Pays de Loire votent en faveur des projets. Dans cette dernière région, les élus raisonnent, généralement, en fonction de leur origine géographique : à l’ouest d’une ligne Laval - Durtal on est pour et à l’est on est contre. Seul le groupe Convergence... vote unanimement contre.


     Quelques mois plus tard, Gayssot tranche :

 

     Il y aura des L.G.V.  (le tronçon au S.O. de Sablé et le contournement de cette gare sont cependant abandonnés) mais des études complémentaires seront menées.


     Suivent de longs mois d’incertitude propices à la démobilisation. Les associations locales se sont fédérées dans ALTO (Alternative au TGV Ouest) et LGV 53 et poursuivent le débat et les propositions.

La situation actuelle

     Il y a quelques semaines, une nouvelle “valise” est envoyée et relance la contestation :

 

     Réunions publiques bien suivies et, donc, manifestation de Sablé. Le fait nouveau étant la participation de la F.N.S.E.A.

 

Résumons donc les positions en présence :


          - La S.N.C.F.

 

     Elle maintient son projet de L.G.V. mais le nombre de fuseaux a été réduit. Pour elle, le pendulaire n’est pas une alternative sauf entre Rennes et Brest (où le gain escompté serait de 17 minutes).

     Elle considère que la L.G.V. ferait gagner 6,5 minutes entre Nantes et  Paris et 37 entre Rennes et Paris. Le contournement du Mans est justifié par la saturation supposée de la gare. Une L.G.V. permettrait donc d’accroître le trafic à la fois des T.G.V., des T.E.R. et du fret.

 

     Le P.C., la C.G.T. et le S.N.U.T. (association d’usagers ultra minoritaire en Sarthe affiliée à la FNAUT) soutiennent cette argumentation localement.


          - Les opposants, beaucoup plus nombreux, contestent cette argumentation :


                 . Mieux vaut améliorer la ligne actuelle entre Le Mans et Rennes ce qui profiterait à tous les types de trains et permettrait de réduire la durée du trajet.
                 . Une autre priorité est de rénover la ligne Angers - Nantes ce que le rapport de la S.N.C.F. admet désormais.
                . Le contournement du Mans ne se justifie pas. Au contraire, il risque d’inciter la S.N.C.F. à faire déserter la gare par les T.G.V. ce qui en ferait un “cul de sac”. I faut, par contre, renforcer le tronçon situé juste en amont de la gare et modifier une bifurcation.
                 . A quoi bon dégrader les campagnes sarthoises et mayennaises déjà malmenées par une ligne 400 000 volts et l’autoroute pour un projet qui ne leur profitera aucunement et qui ferait gagner moins de temps que la L.G.V. en service depuis 89.

              . Quant au financement, il est loin d’être assuré car d’autres projets de L.G.V. plus importants, sont programmés. On risque d’attendre de longues années alors que des travaux plus limités ou le pendulaire permettraient d’être opérationnels beaucoup plus vite.


     Bref : on peut être favorable au rail et au T.G.V. et contester ce “gâchis”



                            Gérard FRETELLIERE - Conseiller Municipal de Sablé et membre de ALTO
   


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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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