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15 octobre 2014 3 15 /10 /octobre /2014 14:08

     J'ai rédigé récemment un texte qui, après amendement, a été signé par plusieurs autres adhérents des Alternatifs. Le but étant d'animer le débat face à d'autres militants de la même organisation dénonçant "l'islamophobie" et prônant la remise en cause de lois laïques. 

 

     Ci-dessous. 

 

La France est, depuis la loi de 1905, une République laïque. C'était le résultat d'une lutte de longue haleine contre le poids de l'Église catholique dans la vie sociale et politique française et le cléricalisme qui en découlait. Néanmoins, cette loi fut une loi d'équilibre au rebours d'une conception anti-religieuse qui avait de nombreux adeptes.

 

Les deux premiers articles de la loi sont essentiels :

 

"ARTICLE PREMIER. - La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.

ART. 2.- La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l'État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l'exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites aux dits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.
Les établissements publics du culte sont supprimés, sous réserve des dispositions énoncées à l'article 3".

 

La Constitution de la Vème République confirme la laïcité de la République Française dans les articles 1 et 4.

 

Cette conception de la laïcité est ouverte car elle proclame la liberté de pratiquer la religion que l'on veut ou d'en avoir aucune mais, également, la liberté de changer de religion ou de critiquer celles-ci. Par ailleurs, non seulement il n'y a pas de religion d'État mais celui-ci ne doit pas distinguer les habitants de la France selon leur conceptions "religieuses et philosophiques" et n'a même pas à connaître les convictions de qui que ce soit dans ce domaine. Enfin, l'État (pris au sens large) et ses agents ont un devoir de neutralité dans le domaine religieux.

 

Depuis plus de 100 ans, cette loi a permis la concorde civile hormis quelques épisodes de tension liés, en particulier, au sort des biens de l'Église catholique et à l'aide à l'enseignement confessionnel.

 

Dès leur origine, les Alternatifs, à la suite des organisations dont ils sont principalement issus dont le PSU, ont été un mouvement politique laïque appliquant ces principes à l'intérieur de l'organisation. Il y a 50 ans, ce n'était pas aussi simple, nombre de mouvements politiques ou de mouvements de gauche considérant que l'on ne pouvait, à la fois, être croyant et de gauche. Cette conception était particulièrement ancrée dans les organisations se réclamant du marxisme ou de l'anarchisme. Elle a presque entièrement disparu, en particulier sous l'influence de chrétiens de gauche.

 

Depuis une cinquantaine d'années, le nombre de musulmans est devenu nettement plus important en France même s'il faut distinguer - comme pour toute religion - entre ceux qui sont effectivement pratiquants et ceux qui sont de culture musulmane. Il a fallu que les musulmans s'adaptent à une situation nouvelle où ils étaient minoritaires alors qu'eux ou leurs parents venaient le plus souvent de pays façonnés par les traditions de l'islam. On peut constater qu'il n'y a pas eu de problèmes majeurs : sauf exceptions, il n'y a pas de discriminations contre la religion musulmane en France.

 

Néanmoins, des groupes d'origine très diverse ont tenté de créer la division entre les habitants de ce pays sur une base religieuse.

 

D'une part, les racistes, violemment hostiles aux "Noirs" et aux "arabes", considérant qu'une forte proportion de ceux-ci vivant en France étaient de tradition musulmane, ont tourné la loi en attaquant "les musulmans" et la religion musulmane au nom de la liberté d'expression ou de la laïcité. Pour eux, l'islam est une menace pour la "chrétienté" ou "l'identité française", menace d'autant plus importante que, selon eux, l'immigration et le nombre d'étrangers en France sont en forte croissance, ce qui est faux : parmi tous les pays européens, la France est l'un de ceux qui voit le nombre des étrangers progresser le plus lentement.

 

Inversement, face aux discriminations racistes dont ils étaient victimes, une fraction très minoritaire des musulmans s'est repliée sur son identité religieuse musulmane et a commencé à mettre en avant des revendications spécifiques dont le port du voile à l'école, l'exigence de repas halal dans les restaurants des collectivités, notamment les cantines scolaires et l'abandon de la mixité dans certains lieux, en particulier les piscines et parfois les hôpitaux.

 

Face à cette situation, une frange de la gauche a fait une analyse fort erronée. Pour eux, la nouvelle classe exploitée est constituée principalement des habitants des "cités" et des quartiers populaires. Ceux-ci étant de plus en plus issus de l'immigration, ils en ont tiré la conclusion que cette situation était une séquelle de la colonisation et ont contribué au développement du concept de « post-colonialisme ». Ce faisant, cette frange de la gauche a pris le risque d'une division de la classe exploitée entre travailleurs, français d'origine ou installés depuis longtemps en France (immigrants d'origine européenne) et migrants dits « post-coloniaux ». Enfin, considérant que nombre des ces personnes étaient de tradition musulmane, ces militants ont conclu qu'il y avait une "islamophobie" et un "racisme anti-musulman". ce qui a amené certains à reprendre des analyses des intégristes musulmans voire à comprendre, ou même soutenir, les revendications de ceux-ci.

 

Inversement, une autre partie de la gauche, restant sur une conception non-religieuse de la laïcité, a commencé à mener le combat contre la religion musulmane et à s'opposer à toute adaptation de la loi pour tenir compte de la spécificité de l'islam.

 

Un des points de cristallisation a été celui du foulard dit "islamique". Une loi a été votée, en 2004, interdisant le port de celui-ci dans l'enceinte scolaire comme, d'une façon plus générale, le port de tout "signe religieux distinctif". L'application de cette loi a entraîné des exclusions regrettables mais elle a, dans l'ensemble, été respectée sans trop d'incidents, ainsi que le dit Hanifa Cherifi, ancienne médiatrice de l'Éducation nationale (cf son interview dans La Croix du 13-03-2014). Il n'est donc pas question de prôner son abrogation, qui, par ailleurs, pourrait être source de difficultés dans certaines écoles. Enfin, comment serait comprise cette position par les militantes féministes du monde arabo-musulman qui continuent à se battre pour avoir la liberté de porter ou ne pas porter ce foulard dit « islamique ».

 

Plus tard, une autre loi a interdit le port, dans la rue et dans tout lieu public, d'une tenue cachant le visage. Si cette loi peut être considérée comme abusive puisqu'elle porte atteinte à la liberté de se vêtir dans l'espace public commun selon la convenance de chacun, personne ne peut nier qu'il est obligatoire que tout un chacun puisse être identifié quand cela est nécessaire ni qu'une relation sociale peut s'établir hors de la vue du visage de l'autre.

 

Les Alternatifs rappellent, en conséquence :

- Que la loi de 1905 est satisfaisante en l'état. Ils refusent tout ce qui s'apparenterait à une juxtaposition voire à une hiérarchie de communautés constituées sur une base religieuse

- Qu'ils respectent en leur sein les principes de la laïcité tels qu'ils sont présentés dans cette loi.

- Qu'ils ne luttent pas contre les religions mais contre les intégrismes tendant à imposer un modèle religieux à tout ou partie de la société

- Qu'ils défendent la liberté de conscience partout elle est menacée dans le monde que ce soit par la volonté hégémonique d'un groupe religieux ou par les tenants d'un athéisme d'État.


 

Alain Véronèse, Pierre Noël, Gérard Fretellière, Jacques Fontaine, Michaël Fishelson, Gilbert Dalgalian, Daniella Chaillet, le 10-10-2014


 

 

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Présentation

  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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