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11 septembre 2011 7 11 /09 /septembre /2011 18:05

     Aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, j'avais rédigé un texte ayant pour ambition de raconter l'histoire du "terrorisme". Pour le 10ème anniversaire de l'extraordinaire coup perpétré par Al Qaïda, je le publie sur ce blog avec quelques modifications (principalement de forme)

 

     Un dictionnaire d'Histoire - Géographie donnne deux définitions du mot "terrorisme" :

 

          - 1° "Régime utilisant la terreur contre ses opposants".

 

     C'est à dire que, pour le régime en place, tous les moyens sont bons , y compris la violence la plus extrême, pour vaincre l'adversaire. Le régime républicain mis en place par les "Montagnards" durant l'An II (automne 1793 - été 1794) avait déclaré "la terreur à l'ordre du jour". D'où le nom de régime "terroriste". Ce ne sera pas la dernière fois que de telles méthodes que l'on peut qualifier aussi de "terrorisme d'État" seront employées.

     Le plus étrange est que, en France puis à l'étranger, cette "Terreur" eut de nombreux thuriféraires parmi les "révolutionnaires" ; en particulier les "marxistes-léninistes" du XXème siècle. Au nom de la défense de la "révolution" menacée, aussi bien Robespierre que Lénine justifiaient cette méthode de gouvernement. D'autant plus que c'est au nom du "progrès" contre "l'obscurantisme" ou de la pureté révolutionnaire (voire de la "vertu") contre la "corruption" que l'on prétendait agir. Bref : la lutte du "Bien" contre le "Mal".

 

          - 2° "Par extension, moyens violents utilisés par un mouvement politique pour faire pression sur le pouvoir en place"

 

     Il est vrai que les "terroristes" prétendent défendre une "cause juste" contre des gouvernements dictatoriaux, oppresseurs ou corrompus.

 

     Les évènements du 11 septembre 2001 nous amènent à nous intéresser à cette seconde acception.

 

     Pour commencer : nouveau rappel historique  ; au sujet des "Assassins".

 

     Ce terme, devenu synonyme de criminel, désigna originellement une entreprise terroriste qui s'étendit sur plusieurs décennies. Plus précisément aux Proche et Moyen Orient du XIème au XIIIème siècle. Au début, une secte musulmane très hétérodoxe - les ismaëliens nizarites - conquit des forteresses dans divers lieux de cette région (en particulier à Alamut, en Iran actuel). Depuis ces bases, leurs chefs - en particulier le "Vieux de la montagne"  - envoyaient leurs tueurs fanatisés exécuter des dirigeants tant musulmans que chrétiens accusés d'être les adversaires de la "vraie" religion. Une légende prétend qu'ils étaient drogués au haschisch  ce qui expliquerait leur nom de "haschichin" qui aurait donné "assassins" alors qu'en réalité, leur nom signifierait plutôt fondamentalistes. Ce furent les Mongols qui en vinrent à bout ; au passage, ils se livrèrent à d'effroyables massacres de populations vaincues et au saccage de territoires immenses ; (tradition qui sera reprise par Tamerlan; Mongol turquisé et islamisé). Comme il ne faut pas désespérer de l'espèce humaine, les descendants de ces fanatiques sont devenus fort pacifiques et leurs chefs - Agha Khan - sont, désormais, plus connus pour leur philanthropie et leurs mariages avec de riches américaines.

 

     L'assassinat politique de hauts dirigeants n'allait pas s'arrêter là. Contentons-nous de quelques exemples, spectaculaires et lourds de conséquences, commis en temps de paix. 

 

          - Des "anarchistes", dans divers pays ainsi que les "populistes" en Russie espéraient "réveiller" le peuple, lui montrer la voie "révolutionnaire", en assassinant des chefs d'État ou en posant des bombes à l'Assemblée Nationale, C'est la "propagande par le fait". L'idée sera reprise, un siècle plus tard par "la bande à Baader" en Allemagne, les "Brigades Rouges" en Italie,  "Action Directe" en France mais les cibles seront plus variées (incluant, par exemple, les dirigeants d'entreprise).

          Ces pratiques sont condamnables au plan moral et politiquement imbéciles. On ne détruit pas l'État ou le capitalisme en éliminant un de ses représentants éminents. Et ce n'est pas ainsi que l'on favorise l'organisation de la classe ouvrière ou de la paysannerie. Il y a pire : ces crimes renforcent généralement l'arsenal répressif. Cependant ces groupuscules tiennent leurs pseudo "martyrs" (voir : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/article-martyr-102584815.html) car les tueurs sont vite arrêtés et, souvent, exécutés. On est donc confondu par l'infantilisme de certaines réactions émises par des personnes cultivées (je me souviens de mon effroi en voyant un ancien collègue, normalien, agrégé de philosophie, léniniste pur et dur, applaudir à l'exécution du dirigeant de Renault par Action Directe).

 

          - Avec des méthodes semblables mais des motivations différentes, on trouve divers "nationalistes". Ainsi ceux qui, en assassinant le prince héritier d'Autriche - Hongrie, nous plongèrent dans la boucherie de la première guerre mondiale.

 

     En temps de guerre ou pour lutter contre une dictature féroce, le "tyrannicide" se conçoit mieux. Faut-il condamner ceux qui tentèrent de liquider Hitler en 1944 ? A cette époque, le régime nazi s'identifiait tant à un seul homme que sa mort pouvait être un facteur de délivrance pour l'Allemagne et le monde. C'était également la motivation du commando du Directoire Révolutionnaire, qui, le 13 mars 1957, tenta d'assassiner Batista, à Cuba. Par contre, l'attentat réussi de l'ETA  contre Carrero Blanco, homme clé du pouvoir du général Franco, en Espagne, est nettement plus contestable. Sans parler des tentatives avortés de l'OAS pour venir à bout de de Gaulle qui s'apparentent à une vengeance de gens n'ayant rien compris au sens de l'Histoire.    

 

        Pour conclure,  on retombe toujours dans l'opposition entre l'action de masse et les actions "coup de poing" d'une élite auto-proclamée.

 

     Jusque-là, les militants s'efforçaient, en général, d'épargner les civils ou ceux qui n'étaient pas des dirigeants. En ciblant leurs actions, ils prenaient beaucoup de risques. D'autres vont aller beaucoup plus loin. 

 

          - Soit en s'attaquant à des civils choisis pour leur activité professionnelle (cas des "Brigades rouges" et autres groupes armés en Italie qui tirent sur des cadres) ou des intellectuels que l'on veut faire taire (terrorisme islamiste en Algérie dans les années 90) ou tout "antinationaliste" (E.T.A. en Espagne)

 

          - Soit en essayant de faire le plus de morts possible ; quels qu'ils soient dans la mesure où ils sont censés peu ou prou appartenir au camp "ennemi". Le but étant d'effrayer certaines catégories de population. On a parlé parfois d'attentat "aveugle". Par exemple, les groupes terroristes sionistes en Palestine britannique ou le FLN pendant "la bataille d'Alger" (puis l'O.A.S. en 1962). Plus tard, des groupes terroristes palestiniens (par exemple dans un aéroport).

 

     Le but est de créer un fossé sanglant entre "eux" et "nous" forçant chacun à "choisir son camp". ET de populariser son action du fait du retentissement médiatique des massacres.

 

    Les attentats du 11 septembre doivent se comprendre avec tout cet arrière-plan (et tout particulièrement le "terrorisme aveugle") mais le "modus operandi" combine encore trois formes de terrorisme que nous n'avons pas encore abordées. 

 

    Les prises d'otages. Traditionnellement, il s'agit de méthodes de bandits. On capture une personne riche ou un membre de sa famille et on demande une rançon. Ce fut le cas du baron Empain. Dans certains cas, les kidnappeurs se lassent d'attendre la rançon et tuent l'otage. Cette technique fut reprise par divers groupes - souvent d'extrême gauche - après la seconde guerre principalement. Une des plus anciennes fut celle de Juan Manuel Fangio, célèbre coureur automobile argentin, par les castristes en février 1958 ; ceux-ci, contents de la publicité faite à leur combat, relâchèrent le pilote dès le lendemain. Par contre, quand des révolutionnaires sud-américains capturèrent des otages dans le courant des années 197o, c'étaient des patrons ou des agents américains et ils avaient des exigences politiques qui, étant rarement satisfaites, se terminaient par la mort de l'otage. Le cas le plus célèbre eut lieu en Italie avec la capture et l'exécution d'Aldo Moro, homme politique de premier plan, par les Brigades Rouges. Par contre, dans de nombreux autres cas, il y eut négociation avec les preneurs d'otages se terminant souvent par la libération de prisonniers politiques. Quand la police ou l'armée intervient, ça se termine souvent mal (ex : Munich 1972)

 

     Les détournements d'avion, avec, souvent, prise d'otages, sont un phénomène récent du fait de la modernité de ce type de transport. Il y a eu, au moins, un précédent avec un autre moyen de transport, quand un adversaire de la dictature de Salazar au Portugal, Henrique Galvao, s'empara d'un navire de croisière, la Santa Maria, en 1961 dans le but d'attirer l'attention sur la dictature;

     Ce sont certains groupes palestiniens (en particulier le FPLP) qui donnèrent leur heure de gloire à cette nouvelle technique du détournement d'aéronefs, en s'emparant simultanément de plusieurs avions de ligne, en 1976, pour les faire atterrir dans un coin de désert avant d'en détruire quelques uns. On notera que les passagers ne furent pas tués cette fois-ci à la différence de prises d'otages antérieures ou ultérieures (en avion ou en bateau)

 

     Les "attentats suicides" s'inspirent des "kamikaze" japonais qui, lors de la seconde guerre mondiale, jetaient leur avion rempli d'explosif sur les navires de guerre américains risquant une mort quasi certaine. 

     Deux groupes s'en sont fait une spécialité. D'une part, le LTTE sri-lankais ; d'autre part, divers groupes islamistes proche-orientaux. Ou bien le terroriste revêt une veste bombe qu'il déclenche au plus près de sa cible qui peut être un groupe de civils. Ou bien, il fonce avec un camion bourré d'explosifs (dans ce cas, la cible est surtout militaire). Ces attentats sont d'une redoutable efficacité mais qu'il se trouve des volontaires assez fanatisés pour ce type d'opération laisse pantois ! Fanatisme quand tu nous tient !

 

     Les terroristes du 11 septembre synthétisent toutes les formes antérieures de terrorisme à un point tel que la réalité dépasse la fiction la plus imaginative et que le nombre de morts est sans commune mesure avec ce que les autres attentats avaient pu provoquer. Pour cette raison, cette date marque un sommet dans l'histoire du crime politique !

 

    

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  • : Le blog de Gérard FRETELLIERE
  • : Sabolien depuis plus de 40 ans. Conseiller municipal d'opposition de 1989 à 2008 puis de nouveau de 2016 à 2020. Ancien responsable syndical. Militant associatif (écologie, défense des demandeurs d'emploi, aide à l'intégration des étrangers). Je circule en ville à vélo ou à pied. Géographe de profession, je suis passionné de voyages et de jardinage. J'ai créé ce blog en 2011.
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