Quand on est géographe et, qui plus est, spécialiste d'une branche de la "géographie physique" (en l'occurrence : la biogéographie), on souffre souvent en lisant ce qui s'écrit concernant l'évolution du climat. C'est encore plus dur à supporter quand on est un militant écologiste depuis des décennies. C'est mon cas et j'ai déjà rédigé plusieurs articles sur ce thème dans la rubrique "écologie".
Exemples : http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2015/09/rechauffement-climatique-submersion-du-littoral.html ou http://gerard.fretelliere.over-blog.com/2015/08/rechauffement-climatique-plus-de-catastrophes-naturelles.html
Dernièrement, dans "le Monde" (28/03/2018), Pascal Canfin, militant politique à Europe Écologie - Les Verts et ancien ministre, a fait paraître un point de vue intitulé (par le journal ?) : "Le changement climatique crée plus de réfugiés que les guerres". Rien moins que ça !
Mais qu'est-ce qu'un "réfugié climatique" ? Tout le monde les évoque mais les définitions sont floues ou inexistantes. Dans une première approximation, on peut dire qu'il s'agit des personnes qui quittent leur pays ou leur région à cause d'un événement climatique grave : sécheresse entraînant la famine, fortes pluies entraînant des inondations catastrophiques, vagues de froid... ou à cause de la montée du niveau de la mer. Combien d'individus sont concernés tous les ans ? Personne ne le sait mais je n'arrive pas à imaginer qu'ils soient plus nombreux que ceux qui fuient les guerres en Irak, en Syrie, au Soudan et au Soudan du Sud, en Somalie, en République Démocratique du Congo, au Mali, au Niger, au Nigéria, au Cameroun, en Centrafrique et dans d'autres pays que j'aurais pu oublier.
Pour notre ancien ministre l'avenir est fort inquiétant. Il nous cite 3 nombres différents mais tout aussi élevés. 143 millions en 2050 selon la Banque Mondiale ; 250 millions en 2050 selon l'ONU ; 1 milliard toujours en 2050 selon "d'autres rapports" (lesquels ???). Les différences d'estimation sont, on le voit, considérables. On se pose alors la question de savoir comment ont été faites ces prévisions. Là : silence radio ! On a l'impression que c'est fait au doigt mouillé ou, alors, que l'on range, sous ce vocable de "réfugié climatique" tous ceux qui souffrent de la faim dans le monde ou tous les migrants internationaux.
Il faudrait rappeler, encore une fois :
- Que tous ceux qui souffrent de la faim ou de la misère ne sont pas victimes du changement climatique.
- Que toutes les migrations internationales ne sont pas liées à la misère ou à la faim.
- Que le réchauffement du climat (plus fort dans les hautes latitudes) fera des heureux (en particulier en Russie, en Europe du Nord, en Alaska, au Groënland et au Canada) car ils pourront mettre en valeur des terres actuellement délaissées.
- Que l'on ne défend pas une cause juste avec des arguments fallacieux. On a longtemps connu le même problème (j'aurais dû écrire "la même manipulation") avec les pseudo-statistiques concernant les morts liés à la faim dans le monde (voir http://gerard.fretelliere.over-blog.com/article-la-faim-dans-le-monde-105488603.html). Raison de plus pour ne pas en rajouter.